Semences dangereuses
Les semences traitées qui traînaient dans le champ présentaient des risques considérables pour l’agriculteur pendant la manipulation ainsi que pour l’environnement (les animaux, l’eau). Pour savoir quels risques, il suffisait de lire les textes sur l’emballage dont mon ami a pris une photo :
L’agriculteur désolé
Toute de suite, mon ami a alerté l’agriculteur concerné ; un jeune homme d’environ 35 ans qui a enlevé ces semences toxiques de son champ. Il a expliqué d’être désolé d’avoir à utiliser ces semences traitées, mais qu’il ne connaissait pas de cultures alternatives.
L’agriculteur se rendait bien compte des risques de santé (cancers, la maladie de Parkinson) pour lui-même, sa famille, son environnement. Il voudrait bien cultiver autrement, mais apparemment ce n’était pas si facile que ça…
Augmentation spectaculaire de la vente des semences traitées.
S’agit-il d’un incident ? On peut s’en douter. L’édito de Marie Arnould dans « Les 4 saisons du jardin bio » (juillet/août 2012) mentionne qu’en 2011 la vente des semences enrobées de pesticides a augmenté de 30 %. Un puissant lobby est présent derrière l’industrie de semences et de pesticides. Regardons…
Comment Gruel Fayer entre dans le lobby ?
Le sac dans le champ venait de Gruel Fayer, une petite entreprise basée à Chateaubourg. Gruel Fayer fait partie du group Glon qui - à son tour - fait partie du PROLEA, la plateforme de communication de la filière des huiles et protéines végétales françaises. PROLEA connaît 5 organismes industrielles et financières, dont la Fop, la Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux. Le Fop a réagi aux propos de Ministre de l’Agriculture et de l’Agro-alimentaire, faisant part de son intention de suspendre l’autorisation de mise sur le marché du Cruiser OSR…
Et les consommateurs ?
Je suis convaincue que beaucoup de gens ne savent même pas que des telles semences, enrobées de pesticides, existent. Est-ce que les consommateurs se rendent compte que les légumes qu’ils mangent, poussent à partir d’une graine enrobée de pesticides dans les champs ? Eh… bon appétit !
Effets sur le sytème nerveux
Pour nous, non-experts et consommateurs, il est impossible de savoir quel est le véritable danger de ces produits. Avec quoi sont ces graines enrobées ? Agit-il des ’néonicotinoides’ dont on comprend maintenant qu’ils ont une action non négligeable sur le système nerveux de l’abeille et de l’homme ? Des semences enrobées par les néonicotinoides dirigent de nouveau le pesticide vers la plante et dans le sol. Le pesticide reste ensuite dans le sol pour un petit moment…
Une persistance de pesticides de plusieurs années
Ludovic Labeste explique dans son article « Syndrome d’effondrement des ruches - Mieux comprendre le phénoméne et les différents facteurs en cause » que la persistance dans le sol des graines enrobées avec des néonicotinoides peut aller jusqu’à 3 ans et 6 mois. Cela rend la rotation des cultures pas très facile…
Les paysans ont à payer pour des graines ainsi "améliorées"
Quel ironie qu’en novembre 2011, une loi est passée qui oblige les paysans à payer une indemnité quand ils réutilisent leurs semences. Ils n’ont pas à payer cette indemnité à l’Etat mais à un industriel pour son travail sur les graines. Normalement, un industriel est payé pour la qualité de ses produits, reconnue par les consommateurs. Dans l’agriculture, cette logique de marché ne fonctionne plus.
La marginalité en perspective pour agriculteurs indépendants
L’industrie semencière fait tout pour que ces concurrents soient éliminés par des décrets et des lois qui défavorisent des cultures ou des traitements alternatives. Par conséquence, les agriculteurs ont peu de choix… Pour ceux qui osent résister, c’est la pauvreté ou la marginalité en perspective.
Plus de 10.000 signatures contre les épandages de pesticides
Heureusement, il y aussi des bonnes nouvelles. Une demande d’autorisation pour des épandages des pesticides dans le Lot n’est pas passée inaperçue. En seulement 5 jours, une pétition contre ces épandages dans le Lot a obtenue 10 000 signatures. Un grand bravo à Natalie Chalut-Michel qui a mobilisé toute une population avec cette brillante idée d’une pétition bien organisée et argumentée. Les nombreuses commentaires montrent que la population commence à se rendre compte de la gravité de ce qui se passe.
Les agriculteurs piégés par des contrats et des protocoles ?
Ce n’est pas un combat entre « les écolos et les agriculteurs ». Les agriculteurs se trouvent dans une situation extrêmement difficile. Et cela semble même pire qu’on pensait. Ça commence à prendre l’ampleur d’une scandale…
Suite à ces actions, Natalie Chalut-Michel, a rencontré un des agriculteurs concernés par les épandages. Il a expliqué qu’il traite généralement ces champs de mais avec des produits "bio" comme des phéromones. Par contre, un ’protocole’ l’oblige par contrat à acheter ses semences, déjà traitées, et les produits de traitement qui vont avec.
Encore un deuxième groupe puissant...
Les produits que cet agriculteur achète viennent d’une très grosse entreprise, Nataïs, dont la société Sodepac (qui a demandé les épandages) semble être une filiale… (source : « Epandages aériens dans le Lot et ailleurs (suite) » sur cafémusique.wordpress.com.)
L’ épandage par hélicoptère coûte l’agriculteur 60 euros. Tout cela est donc financé autrement. C’est inclut dans les prix des graines traitées et dans les subventions (payé donc indirectement pas les contribuables).
Inquiétude justifiée
Sans doute, les personnes qui ont signé la pétition contre les épandages de pesticides veulent bien savoir ce qui se passe dans les champs…. Elles sont inquiètes pour les abeilles, pour leur santé, pour l’environnement. De plus en plus de monde comprend que ce qui se passe actuellement est non seulement dangereux, mais également injuste !