Entre Paris, Limousin et Lot.

Ernest Malinvaud (1836- 1913) : du bon fonctionnement de la SBF (1870) à la Flore de Coste (1906) :

Jeudi 14 mars 2013, par Jean-Pierre Jacob // 200. Histoire de la Botanique dans le Lot

Louis Jules Ernest MALINVAUD ( 1836- 1913)

Un botaniste Limousin de formation médicale, de notoriété nationale, secrétaire minutieux de la Société Botanique de France durant trois décennies, et qui herborise dans le Lot lorsqu’il séjourne dans sa famille Lotoise de Thémines.

Ernest Malinvaud en 1905 {JPEG}

On passe très rapidement sur son origine et son enfance Limousine. Orphelin à 3 ans, de santé délicate, il sera élevé par deux amies de la famille Malinvaud ; en outre, elles lui assureront par la suite l’aisance matérielle qui lui sera utile au moment où il abandonnera ses études médicales pour se consacrer à la botanique.

Etudes et apprentissage botanique ; les premiers travaux.

Auparavant, il fait ses premières classes naturalistes en amateur autour de Limoges et fait alors la connaissance d’Edouard LAMY de la CHAPELLE ( 1804- 1886), banquier botaniste et auteur en 1856 d’une Flore de la Haute-Vienne. " En 1859, E.M. est l’auteur d’ un "Catalogue des espèces rares et critiques qui croissent dans les environs de Limoges" publié dans les actes du Congrés Scientifique de France à Limoges et rédige pour l’Administration militaire un mémoire qui la renseigne sur la valeur des fourrages locaux à acheter.

1861, il est inscrit à l’Ecole de Médecine de Limoges, mais doit fréquemment s’arrêter du fait de sa mauvaise santé. Séjournant alors dans le Lot, c’est le premier contact avec notre département, et il a du utiliser alors l’ouvrage de Timothée PUEL ; il va herboriser d’ailleurs avec son frère Louis. Il devient membre de la Société Botanique de France.

Dès 1868, de Paris où il continue ses études médicales, il entame une correspondance, lettres et envoi de plantes, avec Alexandre BOREAU (1803 -1875), un des maîtres de la botanique de l’Ouest de la France qui vient de publier en 1857 une nouvelle édition de sa Flore du Centre de la Franceet à qui LAMY de la CHAPELLE avait fait parvenir alors des plantes récoltées en Auvergne.

Il publie dans le n°3 du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie une Note sur quelques plantes nouvelles ou douteuses pour la flore du département du Lotoù il ajoute des plantes au Catalogue de PUEL, rectifie ce qui lui semble être des erreurs, ajoute des détails. Bref une note critique à partir d’herborisations à Thémines, Rueyres, Rocamadour et Alvignac.

1870 : c’est une étape importante dans l’histoire de France et la vie de notre botaniste ; à 34 ans, il s’engage à Paris comme aide major au 104° bataillon de marche pour relever les blessés ; le 18 Mars 1871, n’acceptant pas les événements liés à la Commune, il va se retirer à Limoges puis à Thémines, chez son oncle Henri MALINVAUD, maire de la commune jusqu’en 1892. Remplacé dans cette fonction de maire par son gendre, Paul LACARRIERE, ce dernier sera toujours pour MALINVAUD un compagnon d’herborisation agréable, souvent cité.

Un choix de vie : la Botanique.

Sa santé ne lui permettant pas d’exercer la médecine, il se lance à fond dans la Botanique et publie en 1872 Une excursion botanique dans les départements du Lot et de l’Aveyron dans le n°6 du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie p.195 - 202.

C’est une étape dans un parcours de botaniste averti ; de 1859 à 1912 , il va fournir à divers bulletins ou revues plus de 150 notes.

a) des notes concernant la flore du Lot, parfois celle de la Haute Vienne

1872 Plantes observées aux environs de Gramat et de Lacapelle-Marival (Lot) Bull.Soc.bot.France 19 1872 p.237-239

1902 Traits généraux de la flore du Lot . Congrés des Société savantes de 1902. 7 pages.

1905- 1912 Florulae oltensis Additamenta ou Nouvelles annotations à la Flore du département du Lot ( une suite de 10 articles Bull.Soc.bot.Fr.) Envoi signé de E. Malinvaud {PNG} b) des familles sont passées en revue :

1905 Revue critique des Crassulacées de la Flore du Lot est extrait des C.R. de l’A.F.A.S du congrés de Cherbourg .

1909. Crucifères nouvelles pour la Flore du Lot . Extrait des C.R. du Congrès des Sociétés Savantes de 1908.

c) Il va mettre en ordre les espèces du genre Mentha, projet abordé début 1873, discuté avec BOREAU à partir de 1874 et publié de 1877 à 1881 "Menthae excicatae, proesertim gallicae "

sous forme de quatre fascicules ; chaque fascicule est formé de 25 plantes = 25 variétés différentes de plantes françaises séchées ; c’est diffusé à 6O exemplaires numérotés.

Son rôle dans le développement de la Botanique en France

Adhérent de la Société Botanique de France depuis 1861, il va fortement l’animer pendant 3 décennies : vice-président en 1883, il devient secrétaire général de 1885 à 1904 ; président en 1906 il restera archiviste de 1909 à 1913. Longtemps responsable de la publication des Bulletins, il contribuera au rayonnement scientifique de la Société, participera à divers congrès internationaux.

Il a des contacts fréquents avec les botanistes de toutes régions, en particulier des Lotois : l’abbé V. BACH, curé de Sérignac (1866 -1916), qui lui signale des stations de Pivoine, l’instituteur Camille LAMOTHE (1868 - 1938) ; il fait la connaissance de ce dernier à Gorses en 1898 alors qu’il herborise dans le Ségala avec l’abbé COSTE ; LAMOTHE décrit ses herborisations dans la vallée de la Cère dans une Contribution à la Flore du Lot publiée dans le Bull.Soc.Bot.Fr. n°58- 1909.

Il est à l’origine de la Flore de France du chanoine Hippolyte COSTE

En 1899, avec Charles FLAHAULT, professeur de Botanique à Montpellier et Paul KLINCKSIECK, éditeur à Paris, MALINVAUD est à l’origine de la mise en route d’un projet de

Flore illustrée de France

sur un modéle américain ; l’écriture en est confiée à un ami botaniste prêtre en Aveyron, l’abbé Hippolyte COSTE 1858 - 1924. L’ouvrage en 3 tomes, avec une introduction de FLAHAULT, qui sera terminé en 1906 est actuellement un des ouvrages de référence de la Flore Européenne.

REVEL et COSTE, l’Essai de la Flore du Sud-Ouest de la France

Précédemment, en 1885, le vieux chanoine Joseph REVEL (1811-1887), ancien correspondant de DES MOULINS autour de 1857, rédige le tome I de son Essai de la Flore du Sud Ouest de la France, résultat de ses herborisations de Bergerac à Villefranche de Rouergue où il est directeur de l’Institution St Joseph à partir de 1866. Il va mourir en 1887 sans avoir achevé cet ouvrage qui sera alors terminé par l’abbé Hippolyte COSTE, l’auteur de la Flore de France, qu’il avait conseillé dans ses débuts de botaniste.

Ernest MALINVAUD décède le 22 Septembre 1913. Il sera enterré dans le Lot à Thémines.