Merci et bravo à Jean-Jacques Lacroix et Marie-Louise Vieille pour leurs excellentes réponses.
Il n’est guère possible de confondre cet oiseau avec une autre espèce, tant celui-ci est typé. Sa grosse tête, son bec énorme, sa très courte queue et ses petites pattes, lui donnent une silhouette ramassée au « jizz » (allure) remarquable. Les couleurs de son plumage ne sont comparables à aucune autre espèce, du moins en Europe. En effet, en Afrique et en Asie, d’autres espèces sont très proches.
Restons en Europe. Seul le Martin-chasseur de Smyrne Halcyon smyrnensis présente une vague ressemblance avec l’oiseau mystère 66-1. Il est de la taille d’une grosse grive, son plumage est partagé en grande partie entre le châtain foncé et le bleu vert, sa gorge et le haut de sa poitrine sont de couleur blanc et le bec est entièrement rouge. C’est donc bien différent du Martin-pêcheur d’Europe Alcedo atthis et de l’oiseau mystère 66-1 !
L’oiseau mystère 66-1 est un Martin pêcheur d’Europe Alcedo atthis.
Un peu plus compliqué, il fallait donner le sexe de l’oiseau mystère. Cela est possible dans le cas de bonnes conditions d’observation.
Chez la femelle, la mandibule inférieure est rouge orangé à la base du bec.
Chez le mâle, les deux mandibules du bec sont noires.
L’oiseau de la photo mystère 66-1 présentait une mandibule inférieure rouge orangé, il s’agissait donc d’une femelle.
Dans le numéro 99 de la « Hulotte » si vous l’avez chez-vous, la solution se trouve aux pages 16 et 17.
La femelle.
Le mâle.
Ces deux photos concernent un couple au Moulin de Cougnaguet (Calès) (46), le 25/06/2011, Daniel Pareuil.
Ce site est excellent pour l’observation du Martin-pêcheur, du Cincle plongeur Cinclus cinclus, des Bergeronnettes grise et des ruisseaux Motacilla alba et Motacilla cinerea. Toutes ces espèces sont nicheuses sur ce site et faciles à observer.
Dans le département du Lot, le Martin-pêcheur d’Europe s’observe principalement le long de rivières, petites ou plus importantes, et au bord de quelques plans d’eau.
Je vous propose ces autres photos de femelles de Martin-pêcheur d’Europe.
Etang des Langres (Arrigny) (51), le 30/11/2007, Daniel Pareuil.
Le rouge orangé de la mandibule inférieure du bec est bien visible et nous pouvons juger de sa répartition.
A noter également les deux doigts antérieurs des courtes pattes qui sont soudés à la base. Cet élément rapproche les Martins-pêcheurs des Huppes, des Guêpiers et des Rolliers qui présentent également des particularités semblables aux différents doigts.
Etang Purais, Brenne (Lingé) (36), le 13/09/2013, Daniel Pareuil.
Ici, nous pouvons apprécier la petite taille de la queue.
Maintenant, voyons quelques photos de mâles.
Etang de Beaumont (Marolles-en-Sologne) (41), le 15/08/2005, Daniel Pareuil.
Gros plan. Près de l’observatoire, un piquet a été placé en eau peu profonde. Ce piquet est apprécié par le Martin-pêcheur d’Europe qui pratique l’affût, pour le plaisir des observateurs. L’espèce, qui est piscivore, peut également capturer des poissons à partir d’un vol stationnaire.
La nidification s’effectue dans un terrier creusé dans la berge abrupte d’un lac, d’un étang, d’une rivière et même sur la côte maritime.
Le Martin-pêcheur d’Europe est très territorial. Mâle et femelle, en dehors de la période de reproduction, ont chacun un territoire. L’émancipation des jeunes est très rapide : dès que ces derniers savent pêcher, les adultes les chassent. Il faut compter 2, parfois 3, nichées par an. Une nichée peut comporter 7 à 10 poussins. Cela engendre un erratisme migratoire d’une espèce plutôt sédentaire.
Cette grande capacité à se reproduire est indispensable à la survie de l’espèce car le taux de mortalité est très élevé.
Les causes principales de cette mortalité élevée sont entre autres :
Les hivers rigoureux avec gel.
La difficulté à trouver des sites de nidification.
L’inexpérience des jeunes de première nichée.
L’absence de nourriture.
Les proies capturées par l’espèce sont des petits poissons n’excédant pas 7 cm. Pour les attraper, l’oiseau plonge dans des endroits peu profonds de moins d’un mètre, le bec légèrement entrouvert et les yeux voilés par la membrane nictitante*.
Dès le retour sur un perchoir, le poisson est assommé sur le support, puis avalé la tête la première. S’il est transporté, la tête sortant du bec, c’est qu’il est destiné à nourrir une nichée. C’est donc un indice de nidification.
La Capellière, Camargue (Arles) (13), le 29/08/2013, Daniel Pareuil.
Mâle, silhouette ramassée.
La Capellière, Camargue (Arles) (13), le 29/08/2013, Daniel Pareuil.
Le même mâle redressé. Noter les courtes pattes.
Etang de la Sous (St-Michel-en-Brenne) (36), le13/09/2013, Daniel Pareuil.
Mâle. Les plumes bleues presque fluorescentes, du dos à la queue, signalent l’oiseau en vol. La flèche bleue !
A bientôt et avec plaisir.
*membrane nictitante : Troisième paupière qui, chez les oiseaux, se déplace horizontalement devant l’oeil. C’est une protection pour le plongeur.