Mésanges à longue queue "nordique"

Elles arrivent !

Mercredi 17 novembre 2010, par Daniel Pareuil // 555. Oiseaux.

La migration post-nuptiale, cette année est très riche en évènements exceptionnels.

L’irruption (ce terme est préférable à invasion) des Mésanges à longue queue « nordiques » Aegithalos caudatus caudatus est suivi avec beaucoup d’intérêt dans notre pays par le monde « ornitho ». En France, l’espèce est rarement observée.

La sous-espèce Aegithalos caudatus europaeus que nous rencontrons chez nous est une petite boule de plumes qui attire toutes les sympathies. Mais que dire quand cette boule de plumes a la tête toute blanche, comme c’est le cas pour l’espèce nominale : Aegithalos caudatus caudatus !

Chaque jour, nous pouvons suivre la progression de l’irruption de ces oiseaux, venus probablement de Scandinavie ou de Russie, grâce aux sites que je vous avais indiqués dans un article précédent : www.ornitho.fr et www.migraction.net.

En cliquant sur le lien suivant

vous pourrez voir leur arrivée par le Nord et le Nord-Est du pays, détectée depuis le 26 octobre par les bénévoles assurant le comptage migratoire.

Par la suite, des observateurs remontent leurs données et font vivre cette carte. Ainsi le mouvement pourra être bien étudié scientifiquement.

Le Comité d’Homologation national (CHN), relayé par Romain Riols de la L.P.O. Auvergne, a transmis un message nous invitant à être vigilant et à transmettre nos observations. Ces observations feront l’objet d’une demande d’homologation. (Le formulaire de la demande d’homologation est à demander à chn@lpo.fr, contacter Lot nature si difficultés.)

Il existe dans le Paléarctique occidental 15 sous-espèces, géographiquement proches (19 en quatre groupes dans tout le Paléarctique.)

L’identification de cette sous-espèce est beaucoup plus complexe qu’il n’y parait.

Aussi, est-il nécessaire de se préparer à cette rencontre en consultant les meilleurs documents, comme cette étude récente néerlandaise à télécharger :

PDF - 1.1 Mo

Ce document est en anglais et avec l’aide de Geneviève Mollier, nous avons essayé de transcrire les éléments importants de l’identification.

L’oiseau n’est pas farouche, des photos peuvent être prises. Mais attention une photo ne suffit pas à l’homologation. Il faut décrire le ou les oiseau(x), les compter, noter les espèces et sous-espèces qui les accompagnent, le comportement, le milieu, le lieu-dit, la commune, la date et l’heure.

Revenons à la traduction partielle du document.

Deux planches (figures) apparaissent avec un petit commentaire entre les deux.

Ces planches (figures) sont importantes.

La planche (figure) 1 présente les plumages de Aegithalos caudatus europaeus et Aegithalos caudatus caudatus, très proches des plumages de référence.

Traduction du commentaire :

« Planche 1 : Mésanges à longue queue/ Aegithalos caudatus (Szabolcs Kokay).

- 1 : europaeus

- 2  : caudatus.

Les deux oiseaux correspondant de près à la description des spécimens type des deux sous-espèces. »

(1 et 2 désignent les oiseaux représentés sur la planche).

La planche (figure) 2 présente six plumages de Aegithalos caudatus europaeus observés en Europe centrale (Szabolcs Kokay). Déjà nous pouvons appréhender les risques de confusion.

Traduction du commentaire :

« Planche 2 : Mésanges à longue queue d’Europe centrale/ Aegithalos caudatus europaeus.

-  1 : Noter la bande ténue allant du front à la nuque, en passant au-dessus de l’œil.

-  2 : Noter un faisceau lâche de plumes plus sombres sur la tête et, au niveau du cou, une zone marquant le cou de manière mal délimitée.

-  3 : Noter des plumes sombres sur la nuque et les traces assez nettement visibles de rayures pectorales. Les tertiaires de cet oiseau laissent voir un net liseré extérieur blanc.

-  4  : Sans marques sur la poitrine, avec une zone plus sombre sur le côté.

-  5  : Noter la petite tache un peu plus sombre au-dessus de l’œil ; le plumage, par ailleurs, ressemble à celui de la caudatus.

-  6 : Oiseau présentant des plumes brunâtres bordant la zone du cou (plutôt que des plumes noires), de sorte que la délimitation du cou est moins nette. Chez cet oiseau, les tertiaires ont un liseré intérieur nettement sombre. »

(1 à 6 désignent les oiseaux représentés sur la planche).

Le risque de confusion est grand, si l’observation n’est pas affinée.

Dans les six cas où europaeus est représentée, nous l’aurions certainement confondu avec caudatus.

Ensuite on rentre dans le détail de l’étude : provenance des oiseaux étudiés, âge, analyse du plumage dans ses différentes parties.

Le plumage des oiseaux étudiés est comparé au plumage de référence.

Certains critères repris chez d’autres auteurs sont vérifiés ou démontés.

Les mesures sont notées.

Les données et photos sont analysées.

En conclusion :

Le critère diagnostique et les critères indicatifs sont cités. Cela me semble être le plus important.

En voici la traduction :

« Les critères d’identification présentés dans cet article apportent de nouveaux éléments régulateurs permettant d’évaluer les anciennes et récentes observations de caudatus et de déterminer son statut de migrateur.

Le seul trait diagnostique du taxon est la tête totalement blanche.

Les caractères favorables ou indicatifs, mais non diagnostiques, sont :

-  1 Des parties inférieures plus blanches que celles de europaeus, avec une coloration rose très précisément localisée sur les couvertures sous-caudales, à partir du bas de la poitrine.

-  2 Un large bord extérieur blanc au niveau des tertiaires.

-  3 Une grande proportion de blanc sur le manteau.

-  4 Des couvertures alaires avec des extrémités blanches.

-  5 Chez certains taxons, la longueur de la queue.

-  6 La conjonction de la tête intégralement blanche avec la zone du cou noire et précisément délimitée."

Il est mentionné, également, dans cette conclusion : (traduction)

« Sur la base des résultats décrits ci-dessus, caudatus doit être considérée comme un oiseau vagabond ou un visiteur, faisant très irrégulièrement irruption aux Pays-bas souvent par groupes peu nombreux. »

Bien sûr, la traduction pratiquement complète de cette étude sera disponible.

Le fichier est en cours de réalisation.

Si vous notez des erreurs de traduction, n’hésitez pas à nous le signaler.

Aux dernières nouvelles de ce jour, elles ont été observées à Prat-Bouc dans le Cantal. Elles se rapprochent du Lot !

Surtout, que l’identification de cette sous-espèce, complexe dans le détail et que la rédaction annoncée d’une fiche d’homologation, ne vous découragent pas à transmettre vos données.

Même l’observation d’une espèce intermédiaire est intéressante.

Ce suivi est important et quelle chance pour vous d’observer cette charmante petite boule de plumes !

Juvénile de Aegithalos caudatus europaeus, La Bontat (Gramat) (46) le 14/06/2010, Daniel Pareuil.

Les juvéniles et immatures de caudatus sont quasiment impossibles à déterminer.

A bientôt et bonnes observations.

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