Photos réponse 66-2

Martin-pêcheur d’Europe Alcedo atthis

Vendredi 29 novembre 2013, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

Merci et bravo à Jean-Jacques Lacroix et Marie-Louise Vieille pour leurs excellentes réponses.

Il n’est guère possible de confondre cet oiseau avec une autre espèce, tant celui-ci est typé. Sa grosse tête, son bec énorme, sa très courte queue et ses petites pattes, lui donnent une silhouette ramassée au « jizz » (allure) remarquable. Les couleurs de son plumage ne sont comparables à aucune autre espèce, du moins en Europe. En effet, en Afrique et en Asie, d’autres espèces sont très proches.

Restons en Europe. Seul le Martin-chasseur de Smyrne Halcyon smyrnensis présente une vague ressemblance avec l’oiseau mystère 66-1. Il est de la taille d’une grosse grive, son plumage est partagé en grande partie entre le châtain foncé et le bleu vert, sa gorge et le haut de sa poitrine sont de couleur blanc et le bec est entièrement rouge. C’est donc bien différent du Martin-pêcheur d’Europe Alcedo atthis et de l’oiseau mystère 66-1 !

L’oiseau mystère 66-1 est un Martin pêcheur d’Europe Alcedo atthis.

Un peu plus compliqué, il fallait donner le sexe de l’oiseau mystère. Cela est possible dans le cas de bonnes conditions d’observation.

Chez la femelle, la mandibule inférieure est rouge orangé à la base du bec.

Chez le mâle, les deux mandibules du bec sont noires.

L’oiseau de la photo mystère 66-1 présentait une mandibule inférieure rouge orangé, il s’agissait donc d’une femelle.

Dans le numéro 99 de la « Hulotte » si vous l’avez chez-vous, la solution se trouve aux pages 16 et 17.

La femelle.

Le mâle.

Ces deux photos concernent un couple au Moulin de Cougnaguet (Calès) (46), le 25/06/2011, Daniel Pareuil.

Ce site est excellent pour l’observation du Martin-pêcheur, du Cincle plongeur Cinclus cinclus, des Bergeronnettes grise et des ruisseaux Motacilla alba et Motacilla cinerea. Toutes ces espèces sont nicheuses sur ce site et faciles à observer.

Dans le département du Lot, le Martin-pêcheur d’Europe s’observe principalement le long de rivières, petites ou plus importantes, et au bord de quelques plans d’eau.

Je vous propose ces autres photos de femelles de Martin-pêcheur d’Europe.

Etang des Langres (Arrigny) (51), le 30/11/2007, Daniel Pareuil.

Le rouge orangé de la mandibule inférieure du bec est bien visible et nous pouvons juger de sa répartition.

A noter également les deux doigts antérieurs des courtes pattes qui sont soudés à la base. Cet élément rapproche les Martins-pêcheurs des Huppes, des Guêpiers et des Rolliers qui présentent également des particularités semblables aux différents doigts.

Etang Purais, Brenne (Lingé) (36), le 13/09/2013, Daniel Pareuil.

Ici, nous pouvons apprécier la petite taille de la queue.

Maintenant, voyons quelques photos de mâles.

Etang de Beaumont (Marolles-en-Sologne) (41), le 15/08/2005, Daniel Pareuil.

Gros plan. Près de l’observatoire, un piquet a été placé en eau peu profonde. Ce piquet est apprécié par le Martin-pêcheur d’Europe qui pratique l’affût, pour le plaisir des observateurs. L’espèce, qui est piscivore, peut également capturer des poissons à partir d’un vol stationnaire.

La nidification s’effectue dans un terrier creusé dans la berge abrupte d’un lac, d’un étang, d’une rivière et même sur la côte maritime.

A noter, des cas particuliers en ville où l’espèce a utilisé une cavité dans le quai d’un fleuve. Cela s’est produit à Paris (G. Lesaffre), à Toulouse (J.Joaquim) et a été rapporté dans « Ornithos 19-2 2009 » par G. Lesaffre.
Tout comme l’Hirondelle de rivage Riparia riparia , le Martin-pêcheur d’Europe a des difficultés pour trouver des sites de nidification, surtout sur les rivières. En effet, des crues tardives peuvent noyer les nichées, une berge éboulée se boise rapidement, une fréquentation humaine importante est néfaste.

Le Martin-pêcheur d’Europe est très territorial. Mâle et femelle, en dehors de la période de reproduction, ont chacun un territoire. L’émancipation des jeunes est très rapide : dès que ces derniers savent pêcher, les adultes les chassent. Il faut compter 2, parfois 3, nichées par an. Une nichée peut comporter 7 à 10 poussins. Cela engendre un erratisme migratoire d’une espèce plutôt sédentaire.

Cette grande capacité à se reproduire est indispensable à la survie de l’espèce car le taux de mortalité est très élevé.

Les causes principales de cette mortalité élevée sont entre autres :
-  Les hivers rigoureux avec gel.
-  La difficulté à trouver des sites de nidification.
-  L’inexpérience des jeunes de première nichée.
-  L’absence de nourriture. Les proies capturées par l’espèce sont des petits poissons n’excédant pas 7 cm. Pour les attraper, l’oiseau plonge dans des endroits peu profonds de moins d’un mètre, le bec légèrement entrouvert et les yeux voilés par la membrane nictitante*.

Dès le retour sur un perchoir, le poisson est assommé sur le support, puis avalé la tête la première. S’il est transporté, la tête sortant du bec, c’est qu’il est destiné à nourrir une nichée. C’est donc un indice de nidification.

La Capellière, Camargue (Arles) (13), le 29/08/2013, Daniel Pareuil.

Mâle, silhouette ramassée.

La Capellière, Camargue (Arles) (13), le 29/08/2013, Daniel Pareuil.

Le même mâle redressé. Noter les courtes pattes.

Etang de la Sous (St-Michel-en-Brenne) (36), le13/09/2013, Daniel Pareuil.

Mâle. Les plumes bleues presque fluorescentes, du dos à la queue, signalent l’oiseau en vol. La flèche bleue !

A bientôt et avec plaisir.

*membrane nictitante : Troisième paupière qui, chez les oiseaux, se déplace horizontalement devant l’oeil. C’est une protection pour le plongeur.

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10 Messages de forum

  • Photos réponse 66-2 30 novembre 2013 10:49, par Jean-Jacques Lacroix

    Coquette la femelle s’est mis de l’orange au bec ! Merci Daniel de cet article bien renseigné et haut en couleurs. Que d’heures d’affût ! Bravo.

    Amitiés
    jjL

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    • Photos réponse 66-2 1er décembre 2013 00:41, par akha

      Oui, un grand merci pour cette belle présentation. L’année dernière, j’en ai repéré un (ou une ? ou deux ? ) à plusieurs reprises, volant comme un bolide à 2 mètres au dessus de l’eau. Je ne sais pas si il y a eu nidification. Si oui, ils ne manqueront pas de nourriture l’année prochaine : le mois dernier, j’ai mis à l’eau plusieurs centaines de petits gardons.

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      • Photos réponse 66-2 2 décembre 2013 19:28, par Daniel Pareuil

        Si ce n’est pas le cas déjà, un piquet planté dans l’eau, là où il y a de 20 à 40 cm d’eau serait le bienvenu. Il faut t’arranger pour qu’il soit visible d’une quinzaine de mètres quand tu es à couvert. Ainsi tu pourras te régaler en l’observant et lui, avec les petits gardons. Pour la nidification, il faut fabriquer en berge, un talus de terre, abrupt d’environ 50cm hors de l’eau, dans un endroit tranquille.
        Merci pour les encouragements et amitiés.

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    • Photos réponse 66-2 2 décembre 2013 19:10, par Daniel Pareuil

      Le rouge au bec (aux lèvres) peut être un moyen mnémotechnique ! Merci pour les encouragements et amitiés.

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      • Photos réponse 66-2 2 décembre 2013 19:38, par akha

        Je ne savais pas qu’ils faisaient leur nid sur la berge. Je réfléchis, il me semble qu’ils devraient trouver des endroits naturellement favorables et pour se nourrir et pour se reproduire. A moi de me poser tranquillement pour les observer.

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        • Photos réponse 66-2 2 décembre 2013 21:42, par Daniel Pareuil

          Oui bien sûr, ils savent trouver des endroits naturellement favorables.
          Comme je l’ai signalé dans le deuxième encadré, le Martin-pêcheur d’Europe a des difficultés pour trouver des sites de nidifications, surtout en rivière. Renforcer ou fabriquer un talus abrupt en berge, c’est une petite aide apportée à l’espèce, sans exagération. Ce n’est qu’une simple compensation de l’impact de l’Homme sur ses sites potentiels de nidification.
          Le piquet accepté par l’oiseau permet de faciliter son observation. Parfois, il se pose sur les cannes à pêche ou bien le panneau "pêche réservée", d’autres fois, c’est beaucoup plus dur de le trouver.
          Bonnes observations.

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          • Photos réponse 66-2 4 décembre 2013 00:14, par akha

            J’ai mieux compris ce que tu voulais dire à partir de ces photos.
            http://www.jean-philippe-delobelle….
            En effet, trouver sur les berges un lieu de nidification à la fois accessible et protégé ne doit pas être facile. Je vais voir ce que je peux faire ici, autour de mes mares et je vous raconte… l’année prochaine.

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            • Photos réponse 66-2 4 décembre 2013 15:02, par Daniel Pareuil

              Belles photos !
              C’est vrai, les photos aident à la compréhension, mais elles ne font pas tout.
              Avec mon matériel, il m’est difficile de photographier un Martin-pêcheur d’Europe, arrivant au terrier et transportant un poisson dont la tête sort du bec de l’oiseau.
              Si tu souhaites mieux comprendre la nidification du Martin-pêcheur d’Europe, je te conseille la lecture des deux derniers numéros de "la Hulotte". Quand ceux que je possède, seront disponibles, je pourrais te les prêter.
              Merci Akha de faire vivre le forum.

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  • Photos réponse 66-2 2 décembre 2013 11:03, par Jean-Pierre Jacob

    Un grand merci, public sur le site, à Daniel pour l’ensemble de ses articles OISEAUX MYSTERE présents sur ce site. Mois après mois, jour après on devine le temps passé à observer, photographier, se renseigner dans les livres, sur les sites spécialisés, vérifier, etc….puis réfléchir aux textes prévus, les écrire, les corriger…L’animateur du site qui visionne au jour le jour le nombre de visites sur les articles de cette rubrique s’aperçoit que celle ci suscite un intérêt certain. Félicitations à ceux qui solutionnent les questions posées.

    Et encore les remerciements du site Lot nature à Daniel.

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