Photos réponse 65-2

Pipit rousseline Anthus campestis

Mercredi 6 novembre 2013, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

Merci à Jean-Jacques Lacroix, Micheline Clamens et Marie-Louise Vieille pour leur réponse.

Les Pipits ne sont pas toujours faciles à identifier et c’est un sujet sur lequel il faut revenir souvent pour bien le maîtriser.

C’est peut-être la raison qui m’a poussé à vous présenter un quatrième Pipit en oiseau mystère.

En effet :

-  « Photos réponses 50-2 » traite du Pipit des arbres Anthus trivialis et du Pipit farlouse Anthus pratensis.

Les critères de détermination des cinq espèces de Pipits nichant en France y sont signalés (tableau).

Voici le lien :

http://www.lotnature.fr/spip.php?article604
-  « Photos réponse 61-2 » traite du Pipit spioncelle Anthus spinoletta.

Là aussi, les critères de détermination de ces cinq espèces de pipits sont abordés.

Voici le lien :

http://www.lotnature.fr/spip.php?article891

Je vous invite à consulter ces deux articles, si vous souhaitez approfondir la différenciation des Pipits.

L’oiseau mystère 65-1 est un adulte de Pipit rousseline Anthus campestris.

Comme l’a bien vu, Marie-Louise Vieille ! Bravo !

La confusion Alouette/Pipit n’est pas surprenante. Paul Géroudet cite Pierre Bellon (premier ornithologue français) qui écrivait en 1555, du Pipit farlouse :

« Nous cognoissons un oiseau moult ressemblant à une alouette. »

La silhouette des Pipits est plus fine, plus élancée que celle des Alouettes. Le bec de ces dernières est plus fort, plus trapu. Certaines espèces d’Alouettes ont un bec assez imposant, ce qui les distingue très facilement des Pipits.

En général, les Pipits semblent plus hauts sur pattes que les Alouettes (c’est même certain pour quelques espèces, dont le Pipit rousseline).

Dans la dernière édition du « Guide ornitho » page 263, on peut trouver un petit dessin qui présente côte à côte une Alouette des champs et un Pipit de Richard Anthus richardi. Le Pipit de Richard est proche par la ressemblance avec le Pipit rousseline. Ce petit dessin permet de bien appréhender la différence de silhouette.

Les Pipits hochent souvent la queue, c’est sans doute pour cela qu’ils sont classés parmi les Motacillidés avec les Bergeronnettes.

L’absence de stries sur les flancs, la poitrine et le manteau, le large sourcil crème, le trait loral sombre, prolongé en arrière de l’œil par le trait sourcilier, les centres sombres et nets des moyennes couvertures qui contrastent avec le reste de l’aile, confirment bien le Pipit rousseline.

Des confusions sont possibles entre un Pipit rousseline et un juvénile de Bergeronnette printanière Motacilla flava. Mais les pattes sombres et la présence d’un motif pectoral chez cette dernière lèvent le doute.

A l’automne, il faut faire très attention de ne pas confondre Pipit de Richard et Pipit de Godlewski Anthus godlewskii (très rare) en passage migratoire, avec le juvénile de Pipit rousseline. Le Pipit de Richard, souvent dressé sur ses pattes, possède des stries brunes et fines sur le haut de la poitrine, des stries noires sur le manteau. Le juvénile de Pipit rousseline possède également cela !

Il faut donc être très attentif. Le Pipit de Richard possède un trait malaire assez prononcé, un bec plus fort que celui du Pipit rousseline et pas de trait loral sombre.

Les Pipits de Richard et de Godlewski ne sont pas faciles à différencier. Car ce sont des migrateurs rares en France, régulier pour le Pipit de Richard, et occasionnel pour le Pipit de Godlewski. Néanmoins, le bec du Pipit de Richard est plus fort que celui du Pipit de Godlewski. Les centres sombres des moyennes couvertures sont pointus chez le Pipit de Richard, et arrondis chez le Pipit de Godlewski.

Il existe un autre candidat à la ressemblance. Il s’agit du Pipit à long bec Anthus similis. Mais il faut aller au Moyen-Orient pour le trouver, c’est un migrateur partiel, voire un sédentaire.

En consultant le « Guide ornitho », je note les différences suivantes avec le Pipit rousseline : les centres des moyennes couvertures sont moins sombres et plus diffus, le bec est plus long, la poitrine est faiblement striée et le ventre est lavé de chamois.

Voyons en image la réponse.

Lac de Magès, Rocamadour (46), le 06/07/2013, Daniel Pareuil.

L’oiseau est visible en entier et il ne s’est pas encore baigné. Heureusement ! Car, après le bain, l’identification est un peu plus compliquée, comme vous pourrez le constater sur les photos suivantes.

Au niveau de la tête, en regardant bien, de haut en bas, nous notons :

Le sourcil crème, le trait loral sombre encadré de crème, une petite moustache noire, un espace sous-mustacien clair, un fin trait malaire noir et la gorge claire.

Sur l’aile pliée, les centres sombres des moyennes couvertures contrastent fortement avec le reste de l’aile. Les extrémités des centres sombres de ces moyennes couvertures sont pointues.

Le manteau et les flancs sont unis.

Lac de Magès, Rocamadour (46), le 06/07/2013, Daniel Pareuil.

L’oiseau a commencé son bain. On distingue encore assez bien le trait loral, la petite moustache et les deux traits malaires encadrant la gorge.

Lac de Magès, Rocamadour (46), le 06/07/2013, Daniel Pareuil.

Il projette de l’eau sur son dos pour que la toilette soit complète.

Lac de Magès, Rocamadour (46), le 06/07/2013, Daniel Pareuil.

Sortie de bain : il faut aller se sécher. Il est nettement plus difficile de retrouver les critères d’identification de l’espèce. Où sont les centres sombres des moyennes couvertures ?

Cette photo laisse deviner que l’espèce est assez haute sur pattes.

Pelouse sèche près du lac de Magès (Rocamadour) (46), le 28/05/2008, Daniel Pareuil.

Le chant du mâle est simple et répétitif. L’espèce chante également en vol. Il n’existe pas de dimorphisme sexuel entre mâle et femelle.

La posture redressée est fréquente.

Pendant plusieurs années, l’espèce a niché près du lac et du dolmen de Magès (Rocamadour) (46). Mais, depuis trois ou quatre ans, il n’y avait plus rien. En 2013, c’est le retour : espérons qu’il se poursuivra !

Le Pipit rousseline est migrateur, il hiverne en Afrique. C’est un nicheur peu commun. L’espèce niche au sol.

Il arrive mi-avril et repart en septembre.

C’est un oiseau des milieux ouverts : steppes, causses, garrigues, dunes, pelouses de montagne, et champs cultivés où il se raréfie (probablement du fait du manque d’insectes, sa nourriture principale. Problème des insecticides). Les populations du nord-est de la France ont pratiquement disparu et sa distribution est actuellement plutôt méridionale.

Dans le département du Lot, l’espèce est peu fréquente. Compte tenu de la superficie en causse, il faudrait s’interroger sur ces effectifs moindres, engager un suivi et chercher à connaître les raisons de sa raréfaction (voir encadré ci-dessous).

Pelouse sèche près du lac de Magès (Rocamadour) (46), le 28/05/2008, Daniel Pareuil.

Détails de la tête et des moyennes couvertures.

Gros Cau, causse de Blandas (Rogues) (30), le 25/04/2006, Daniel Pareuil.

Le causse de Blandas est un satellite des Grands Causses, au-dessus de Ganges et Le Vigan (30), situé plus à l’est de notre département et de nos causses..

En consultant la carte de répartition de la nidification du Pipit rousseline dans le « Nouvel inventaire des oiseaux de France » de P.J. Dubois, P. Le Maréchal, G. Olioso, P. Yésou, édition de 2008, nous constatons ceci : Le causse de Blandas est le « raccord » entre le pourtour méditerranéen et la bande étroite qui remonte vers le pays charentais en passant par le Quercy. L’espèce y est encore abondante, me semble-t-il La faible présence du Pipit rousseline sur nos causses pourrait annoncer une rétractation, par le nord, de cette bande étroite.

A suivre…une suggestion !!

A bientôt et avec plaisir.

Glossaire :

Moyennes couvertures : plumes de couvertures couvrant l’aile au-dessus des rémiges secondaires et tertiaires, qui sont des plumes de vol. Sur l’aile, en allant vers les rémiges, on trouve les petites couvertures, les moyennes couvertures et enfin les grandes couvertures.

Sourcil : c’est l’espace emplumé juste au-dessus de l’œil. Le sourcil peut être marqué ou insignifiant, large ou étroit, accentué à l’arrière de l’œil…

Trait loral : trait dans l’espace entre le bec et l’œil.

Trait sourcilier : trait à l’arrière de l’œil, dans le prolongement du trait loral.

Moustache : elle part du bec vers la joue et souligne l’œil par en dessous.

Espace sous-mustacien : c’est l’espace sous la moustache. Il est souvent confondu avec celle-ci.

Trait malaire : trait séparant l’espace sous-mustacien et la gorge. Il part, lui aussi, du bec.

Manteau : c’est l’espace emplumé du dos sous la nuque et encadré par les scapulaires (rangée de plumes de couverture couvrant l’épaule).

Vous pouvez vous référer à la topologie de l’oiseau qui figure dans les premières pages de votre guide ornithologique.

Vous pouvez aussi rechercher ces éléments sur les différentes photos de cet article.

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1 Message

  • Photos réponse 65-2 6 novembre 2013 16:34, par VIEILLE M-Louise

    Bonjour,
    Je dois dire que l’élimination de l’alouette et l’indication du "trait loral" signalé par M. Pareuil - précision que l’on retrouve sur le guide ornitho- m’ont beaucoup aidée !
    Merci pour cette photo-réponse si bien documentée.
    M-L Vieille

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