Tu as raison, Wilfried, le site sous le viaduc A20 à Beaussone (Pinsac) (46) est un très bon site pour les hirondelles, entre autre. Puisque, en période de nidification, nous pouvons y observer :
- l’Hirondelle de rivage Riparia riparia,
- l’Hirondelle de rochers Ptyonoprogne rupestris,
- l’Hirondelle de fenêtre Delichon urbicum,
- l’Hirondelle rustique Hirundo rustica,
Cette dernière niche dans les fermes proches du site, mais vient y chasser, en compagnie du Martinet noir Apus apus. Les autres espèces sont nicheuses sur le site.
Oui, c’est un bon site, mais le restera-t-il ?
Wilfried, bravo pour ta réponse détaillée, je n’ai plus grand-chose à ajouter et bravo également à Jean-Jacques qui a confirmé.
Tout d’abord, il fallait voir qu’il s’agissait d’Hirondelles. Les Martinets ont des pattes très courtes et un plumage plus sombre. 0r, l’un des oiseaux des « photos d’oiseaux mystères 60-1 » montre de petites pattes, mais néanmoins plus grandes que celles d’un Martinet et un plumage assez clair. Et en plus, à la date des photos, les Martinets n’ont pas fait leur retour chez nous.
Comment choisir entre les différentes Hirondelles ?
Les Hirondelles rustique et de fenêtre possèdent un fort contraste entre le plumage des parties supérieure et inférieure. Ce n’est pas le cas de l’espèce des « photos d’oiseau mystère 60-1 ». L’Hirondelle rustique a la gorge rouge brique, celle de l’Hirondelle de fenêtre est blanc pur. La gorge de nos deux oiseaux à identifier est plutôt de couleur sable pas nette. En fait, avec une meilleure définition, nous verrions qu’elle est striée de brun.
Ces deux espèces ont la queue échancrée. Sur la deuxième photo, l’individu de droite lisse les plumes de sa queue ! Celle-ci ne semble pas échancrée.
L’Hirondelle rousseline Cecropis daurica a les côtés de la tête brun roussâtre, la poitrine striée, une longue queue, et le plumage des parties supérieure et inférieure est contrasté. Elle est donc éliminée.
Il nous reste les Hirondelles à queue courte, au plumage des parties supérieure et inférieure assez peu contrasté (cela est bien visible en vol).
L’Hirondelle de rivage possède une bande pectorale bien visible et une queue légèrement échancrée. Le plumage des parties supérieure et inférieure est plus contrasté que chez l’Hirondelle des rochers, qui n’a ni bande pectorale ni queue échancrée.
L’individu de droite, sur la première photo, en étirant son aile, nous dévoile des couvertures sous alaires sombres. Cela nous conforte dans le choix de l’Hirondelle des rochers et élimine l’Hirondelle isabelline Ptyonoprogne fuligula. Cette dernière espèce est présente au Maghreb et au Moyen-Orient.
L’individu de droite, sur la deuxième photo, nous montre des petites fenêtres blanches sur les plumes de la queue (rectrices). Ce sont les petits points blancs que nous apercevons sur la queue d’une Hirondelle des rochers, lorsque nous la surplombons en falaise. Ce détail de plumage élimine l’Hirondelle Paludicole Riparia paludicola, présente au Maroc.
Dernier petit détail, mais bien visible, le tour de l’œil est bien plus entouré de noir chez l’Hirondelle de rivage que chez l’Hirondelle de rochers.
L’espèce présente sur les « photos d’oiseau mystère 60-1 » est bien l’Hirondelle de rochers Ptyonoprogne rupestris.
Voyons cela sur une autre photo, avec un individu de profil.
Beaussone (Pinsac) (46), le 27/03/2012, Daniel Pareuil.
Nous pouvons apprécier la longueur de la queue, elle est plus courte que les ailes. Le faible contraste entre les parties supérieure et inférieure du plumage est bien mis en évidence. La gorge striée est plus visible et nous devinons les liserés clairs sur les couvertures sous-caudales de la queue.
Falaises de Gluges (Martel) (46), le 19/04/2007, Daniel Pareuil.
Sur cette photo, la gorge striée est bien visible.
L’espèce apprécie les falaises abruptes et y niche. Les grands ouvrages de l’homme sont comme des falaises et elle les utilise aussi.
C’est une petite migratrice. L’hiver, elle peut quitter les falaises et rejoindre les villes proches qui lui offrent de grands édifices. Néanmoins, certaines vont jusqu’en Espagne et en Afrique du Nord. Début mars, elles reviennent sur les sites de nidification.
Beaussone (Pinsac) (46), le 07/05/2012, Daniel Pareuil.
Le nid a été cassé par un prédateur qui a consommé les œufs ou les poussins. Ces adultes viennent chercher des boulettes de boue pour réparer le nid.
Dans le haut de la photo, à droite, nous apercevons le corps d’une Hirondelle de fenêtre au plumage des parties inférieure et supérieure très contrasté. La comparaison est aisée.
Beaussone (Pinsac) (46), le 07/05/2012, Daniel Pareuil.
L’un des adultes est sur le nid. Nous pouvons voir les boulettes ajoutées, ce sont les zones sombres du nid.
Le nid est ouvert avec des bords évasés, en forme de chapeau retourné.
Beaussone (Pinsac) (46), le 05/06/2011, Daniel Pareuil.
Les bords évasés du nid sont pratiques pour se poser, lors du nourrissage des poussins, et pour décoller. Notez les couvertures sous-caudales sombres du dessous de l’aile. Elles contrastent avec le reste de l’aile qui est plus clair.
Beaussone (Pinsac) (46), le 05/06/2011, Daniel Pareuil.
Les poussins ont faim et réclament. Leur gosier grand ouvert est probablement incitatif pour les parents.
Beaussone (Pinsac) (46), le 05/06/2011, Daniel Pareuil.
Attention ! Ne restez pas en dessous ! Le petit tas de fientes à l’aplomb du nid témoigne de son occupation par des jeunes oiseaux. C’est un bon moyen de contrôler la réussite de la nidification, sans passer trop de temps à observer le nid. L’espèce est farouche, elle n’apprécie pas trop son observation au nid, il ne faut pas insister.
Beaussone (Pinsac) (46), le 12/06/2011, Daniel Pareuil.
Ces juvéniles sont prêts à l’envol. On dit que ce sont des « juvéniles tous juste volants ».
Leur plumage est plus sombre que chez les adultes et moins contrasté entre les parties supérieure et inférieure.
Les nets traits jaunâtres (bourrelets commissuraux) qui partent du bec trahissent leur jeunesse.
Avant le retour de l’Hirondelle de fenêtre, au moment de l’éclosion des poussins, les nids ont été détruits à 95%. Un couple de Moineaux domestiques Passer domesticus a tenté de récupérer un nid cassé en partie, et a installé dessus des végétaux secs. Il a été chassé et les végétaux, rejetés hors du nid. Le couple d’Hirondelles de rochers a commencé la reconstruction du nid.
Mais seulement quelques couples ont essayé de faire de même. La boue disponible dans les ornières, qui avait séché rapidement, en est peut-être la raison.
Entre-temps, les Hirondelles de fenêtre étaient arrivées. Elles ont réoccupé et consolidé leurs nids. Ces derniers sont en forme de boule et fermés. Il y a juste un petit trou d’envol qui permet à l’oiseau de pénétrer dedans.
Plutôt que de reconstruire de nouveaux nids, elles ont rechargé et fermé les nids cassés et abandonnés par l’Hirondelle de rochers.
La boue a aussi manqué et certaines Hirondelles de fenêtre ont niché dans des nids ouverts.
Beaussone (Pinsac) (46), le 24/04/2012, Daniel Pareuil.
Nous distinguons nettement l’ancien nid d’Hirondelle de rochers (la partie claire) et la recharge et fermeture (partie foncée) effectuées par l’Hirondelle de fenêtre.
Que se passera-t-il cette année 2013 ? Avis aux observateurs patients.
A bientôt et avec plaisir