Photos réponse 53-2

Pouillot fitis, Philoscopus trochilus.

Jeudi 12 avril 2012, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

Le sujet n’était pas très facile et pourtant le mystère a été levé !

Effectivement ces petits sylviidés que sont les Pouillots, genre :Phylloscopus, non seulement, ils sont mignons mais ils ont un « jizz » bien particulier. Cela n’a pas échappé à Jean-Jacques qui a pris la bonne orientation et à MME Vieille qui a donné la bonne réponse.

Comment s’y retrouver dans la famille des Sylviidés ?

Ces petits passereaux très mobiles, vivant dans les buissons, les milieux boisés ou la végétation haute, nous laissent généralement peu de temps d’observation. Aussi, il faut s’être préparé à les apercevoir et la connaissance de quelques critères de détermination sera très utile.

Pour beaucoup d’entre eux, la reconnaissance du chant et même des cris d’alarme sera une aide précieuse.

Par contre, le chant ne dure que le temps du printemps et encore… et il n’est pas recommandé de déranger les oiseaux pour les faire alarmer ! C’est pourquoi les critères visuels, même s’ils ne sont pas faciles à percevoir, sont bien utiles.

La famille des Sylviidés comprend cinq genres :

- Sylvia telle la Fauvette à tête noire Sylvia artricapilla,

- Acrocephalus telle la Rousserolle effarvatte Acrocephalus scirpacceus,

- Locustella telle la Locustelle tachetée Locustella naevia,

- Hippolais tel l’Hypolaïs polyglotte Hippolais polyglotta,

- Phylloscopus tel le Pouillot véloce Phylloscopus collybita.

D’une manière générale, le genre Phylloscopus est le seul où les espèces n’ont pas la silhouette élancée, voire allongée.

Chez le genre Sylvia, les espèces sont assez colorées et souvent le plumage des mâles et des femelles est différent.

Les espèces de Acrocephalus ont une silhouette très allongée.

Le genre Locustella se caractérise par sa queue large et étagée.

Hippolais est proche de Acrocephalus. Il faut être attentif à la forme de la queue et au bec.

Attention ! Les couleurs de plumage de Hippolais sont proches de celles de Phylloscopus.

Enfin les Roitelets sont très proches des Pouillots. Ils en diffèrent par des taches de couleurs dans leur plumage et, lors d’observations furtives, la confusion est possible.

Il nous reste à différencier les Pouillots entre eux. Quatre espèces nidifient en France. Une cinquième, le Pouillot ibérique Philloscopus ibericus, est très proche du Pouillot véloce et elle est localisée en Pyrénées atlantiques. Les autres espèces sont des « occasionnelles » rares que nous pouvons rencontrer à l’automne.

Les quatre espèces sont :

-  Le Pouillot véloce Phylloscopus collybita,

-  Le Pouillot fitis Phylloscopus trochilus,

-  Le Pouillot de Bonelli Phylloscopus bonelli,

-  Le Pouillot siffleur Phylloscopus sibilatrix.

Le fort contraste entre les parties supérieures et inférieures du plumage, et la gorge jaune citron excluent le Pouillot siffleur Phylloscopus sibilatrix des prétendants à « l’oiseau mystère 53-1 ».

Le Pouillot de Bonelli Phylloscopus bonelli possède également un fort contraste entre les parties supérieures et inférieures du plumage. Mais les liserés verts sur l’aile, la petite tache verte de l’alule et son croupion vert le distinguent des trois autres espèces. L’ensemble de ces éléments n’est pas présent chez l’oiseau mystère 53-1. Néanmoins, je présenterai l’espèce en photo, par la suite.

Voyons la photo réponse :

Les Hauts Bois, St-Marc (Mer) (41), le 13/05/2011, Daniel Pareuil.

De profil c’est plus simple. Que remarquons-nous ?

Les pattes sont de couleur chair. Chez le Pouillot véloce, elles sont généralement sombres.

La couleur des parties supérieures du plumage est vert jaune, celle des parties inférieures se dégrade progressivement, du jaune délavé de la poitrine au blanc sale du ventre.

La tête est traversée, du bec à l’œil, par un trait loral assez bien marqué et surmonté d’un sourcil bien net à l’arrière de l’œil. Souvent chez le Pouillot véloce, le sourcil est moins net.

En dessous de l’œil, se trouvent les parotiques (joues). Elles sont claires et soulignées de vert olive. Ce n’est pas le cas chez le Pouillot véloce.

Dernier critère, et sans doute le plus important, la projection primaire est longue.

L’oiseau mystère 53-1 est un Pouillot fitis Phylloscopus trochilus.

Mais revenons à la projection primaire. De quoi s’agit-il ?

Sur l’aile pliée de l’oiseau, où souvent les rémiges tertiaires couvrent les secondaires, nous voyons dépasser les primaires qui sont les plus longues.

La partie des rémiges primaires qui dépasse des tertiaires s’appelle la « projection primaire ».

Comment évaluer cette projection primaire ? Il n’est pas possible d’effectuer une mesure absolue. Il nous faut donc faire une mesure relative, c’est-à-dire la comparaison de deux mesures. Nous comparons donc la longueur de la partie des tertiaires au plus près du dos de l’oiseau, avec la projection primaire. Nous en faisons le rapport. Nous pouvons ainsi estimer si la projection primaire est grande ou petite.

Il faut parfois faire des maths en ornithologie !

Essayez d’abord sur la photo, puis entraînez-vous sur le terrain.

Je vous propose de faire l’exercice suivant sur la photo d’un Pouillot fitis vu de dos.

Route du Phare (Ile de Sein) (29), le 10/10/2010, Daniel Pareuil.

Mesurez la longueur des rémiges tertiaires au plus près du dos, et la projection primaire, faites-en le rapport . Effectuez le même exercice sur les photos de Pouillots véloces que je vous présenterai par la suite, et comparez.

Les quatre Pouillots chantent très différemment et quand nous les entendons, nous ne pouvons pas douter de leur identité.

Hauts Bois, St-Marc (Mer) (41), le 13/05/2011, Daniel Pareuil.

Le chant est joli, il s’agit d’une strophe sifflée descendante, durant environ 3 secondes.

Le Pouillot fitis est un grand migrateur, c’est sans doute pour cela qu’il possède une grande projection primaire. Il nous revient d’Afrique de l’Ouest, de plus en plus tôt, semble-t-il.

Les Pouillots fitis hivernant en Afrique de l’est ou du sud, et nichant en Scandinavie ou en Russie, effectuent une très longue migration qui utilise presque les 2/3 de leur temps de vie annuelle ! Le reste étant constitué de l’hivernage et de la nidification.

C’est un insectivore et il niche au sol.

Dans le département du Lot, c’est surtout un oiseau de passage.

Découvrons maintenant le Pouillot véloce.

Plan d’eau du Tumulus (Gramat) (46), le 25/03/2009, Daniel Pareuil.

Cette photo prise au printemps permet de comparer les couleurs de plumage avec celles du Pouillot fitis (oiseau mystère 53-1).

Attention ! A l’automne, il y a des jeunes et les plumages ont des couleurs un peu différentes, compliquant légèrement l’identification.

Le Pouillot véloce est un petit migrateur.

A l’abri du vent, au Phare (Ile de Sein) (29), le 09/10/2010, Daniel Pareuil.

Cette photo met en évidence la courte projection primaire de l’espèce.

A l’abri du vent, au Phare (Ile de Sein) (29), le 09/10/2010, Daniel Pareuil.

Ici, nous pouvons voir qu’en dessous de l’œil, les parotiques ne sont pas claires comme chez le Pouillot fitis. Le sourcil est moins marqué et les pattes sont sombres.

Comme promis, voyons maintenant le Pouillot de Bonelli. Ce dernier est un nicheur bien représenté dans le département du Lot.

Prés boisés, en face Les Montats (Reilhac) (46), le 02/05/2005, Daniel Pareuil.

Nous voyons que le contraste entre les parties supérieures et inférieures du plumage est important. Il possède des pattes couleur chair et nous pouvons apercevoir la petite tache verte au niveau de l’alule. Cette petite plume, en avant et en bord de l’aile repliée, joue un rôle dans les changements de direction de vol de l’oiseau. Nous apercevons également les liserés verts sur les ailes.

Lac de Tsonoye (Calès) (46), le 10/05/2011, Daniel Pareuil.

Cette photo pas très nette a le mérite de montrer tous les éléments déterminants pour l’identification de l’espèce sur le terrain.

Si l’identification des Pouillots ne vous était pas familière, j’espère que ces quelques éléments vous aideront et vous donneront envie de connaître d’autres espèces plus rares du genre Phylloscopus.

Permettez-moi de vous donner un petit conseil : il faut se munir d’une bonne dose de patience et posséder parfaitement la connaissance des cris de ces espèces rares. Mais quelle joie quand vous avez identifié avec certitude !

A bientôt et avec plaisir.

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