Photos réponses 50-2

Pipit des arbres Anthus trivialis et Pipit farlouse Anthus pratensis

Dimanche 5 février 2012, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

Merci pour vos réponses, MME Vieille et Jean-Jacques. Pas faciles, ces oiseaux mystères 50-1 "A" et "B".

Comment venir à la famille de ces deux espèces ?

Je vous propose de feuilleter le guide avec moi, et nous nous arrêterons sur chaque famille ou espèce où nous pourrions trouver une ressemblance avec nos deux oiseaux mystères.

Les alaudidés (Alouettes) offrent quelques ressemblances. Mais elles ont souvent un bec fort. L’alouette lulu Lullula arborea a bien un bec plus fin, mais chez l’oiseau mystère "A", les parotiques*ne sont pas entourées de blanc, et l’oiseau mystère "B" possède des barres alaires qui n’existent pas dans le plumage de cette alouette.

Les motacilidés (Pipits et Bergeronnettes) : là c’est chaud avec les Pipits ! Nous allons y revenir.

Les prunellidés : regardons l’Accenteur mouchet Prunella modularis. Chez cet oiseau, il n’y a pas de contraste entre le plumage des parties supérieures et inférieures.

Les turdidés : dans cette grande famille, nous trouvons les Grives. Les turdidés ont souvent la silhouette rondouillarde. Ce n’est pas le cas de l’oiseau mystère "A". Quant à l’oiseau mystère "B" qui rentre le cou dans les épaules, ce qui le rend rondouillard, il a le dos strié. Ce n’est pas le cas des Grives dont le dos est uni.

Jean-Jacques voyait en l’oiseau mystère "A "une Grive mauvis Turdus iliaeus. Il y a une ressemblance. Mais les parotiques* sont sombres chez celle-ci qui n’a pas le tour de l’œil blanc, et possède un large sourcil crème et un bec jaune avec la pointe noire.

Certaines petites Grives américaines offrent quelques ressemblances, mais elles ont le dos uni et leurs parotiques* sont sombres.

Les muscicapidés : seul le Gobemouche gris Muscicapa striata a la poitrine striée. Elle l’est d’une manière floue, d’ailleurs et la couleur dominante des parties supérieures du plumage est le gris. Comme l’a remarqué Jean-Jacques, les pattes du Gobemouche gris sont sombres, presque noires. Ce n’est pas le cas des oiseaux mystères "A "et "B".

Les fringillidés : certains possèdent les flancs et la poitrine striés, mais par ailleurs ils arborent, même les juvéniles, des couleurs plus éclatantes ou plus soutenues.

Notre parcours de guide est terminé et nous allons revenir aux Pipits. C’était la bonne piste à prendre, ce qu’a fait MME Vieille.

Il y a, bien sûr, un bon nombre de candidats parmi les Pipits. Il existe de nombreuses combinaisons de plumage et il faut être attentif au moindre détail. Il est recommandé de connaître les Pipits qui fréquentent notre région. Nous pouvons les observer davantage et ils nous servent de référence pour mieux déceler les occasionnels rares.

Attention ! Les Bergeronnettes sont de la même famille que les Pipits. Certains juvéniles, comme celui de la Bergeronnette printanière Motacilla flava, peuvent présenter quelques ressemblances.

Deux Pipits se distinguent par des caractéristiques particulières :

Le Pipit rousseline Anthus campestris, par le peu ou l’absence de stries sur la poitrine et les flancs.

Il est présent en faible effectif dans notre département.

Le Pipit de Richard Anthus richardi, un occasionnel rare, est de grande taille. Il se tient souvent très dressé et se différencie du précédent par le motif facial.

D’autres occasionnels rares sont proches de ces deux là, ils sont d’identification délicate.

Aucun de ces Pipits ne peut être identifié comme étant l’oiseau mystère "A" ou "B".

Quatre autres espèces de Pipits sont régulièrement présentes en France. Elles sont donc observables selon leur biotope de prédilection et les saisons.

Nous pouvons les distinguer deux à deux :

Le Pipit spioncelle Anthus spinoletta et le Pipit maritime Anthus petrosus n’ayant pas de stries nettes et marquées sur le dos.

Le Pipit farlouse Anthus pratensis et le Pipit des arbres Anthus trivialis ayant des stries nettes et marquées sur le dos.

En première approche pour les identifier à vue, nous pourrions suivre le tableau suivant :

NomStries sur les flancsOù l’observer
Pipit spioncelle Floues sur fond blanc En hiver, en bord de plan d’eau
Pipit maritime Floues sur fond sale Côtes rocheuses, port
Pipit farlouse Nettes et bien marquées sur fond crème Pelouses maritimes et de montagne
Pipit des arbres Fines et peu marquées sur fond crème Forêts et bois ouverts
Pipit rousseline Absentes Dunes, pelouses sèches

A noter que le plumage du Pipit spioncelle en été, dans son biotope de montagne, ne pose pas de problème de confusion avec les autres Pipits cités.

Dans un passé relativement proche, les Pipits spioncelle et maritime ne formaient qu’une seule espèce (attention aux guides anciens).

Les Pipits spioncelle et maritime ont des pattes sombres, alors que nos oiseaux mystères "A" et "B" ont des pattes couleur chair. Il nous faut donc nous concentrer sur les Pipits farlouse et des arbres.

Un petit regard, néanmoins, sur d’autres Pipits occasionnels rares, observés à l’automne en France.

Ils sont comparables aux Pipits farlouses et des arbres, mais diffèrent par des détails du plumage, entre autres. Il faut être attentif : à l’absence de stries ou à la présence de stries blanches sur le dos, à la présence de stries plus ou moins marquées sur les flancs, à la présence de stries sur le croupion, et bien détailler les motifs faciaux et les mandibules du bec.

Ainsi nous pouvons détecter les espèces suivantes occasionnelles rares :

Pipit farlousane Anthus rubescens, Pipit à dos olive Anthus hodgsoni, Pipit à gorge rousse Anthus cervinus et Pipit de la Petchora Anthus gustavi.

Un bon entraînement consiste à étudier la tête de nos deux oiseaux mystères "A" et "B" qui, en finale, devraient être Pipits des arbres et farlouse.

L’oiseau mystère "A" possède un bec plus fort que l’oiseau mystère "B".

Le tour de l’œil clair est plus large chez "A" que chez "B".

Un trait loral ** assez peu marqué existe chez "A" et pas chez "B".

L’espace sous-mustacien *** est plus étroit chez "B" que chez "A".

Voilà ! Je pense que cela est suffisant pour affirmer que l’oiseau mystère 50-1 A est un Pipit des arbres Anthus trivialis et que l’oiseau mystère 50-1 B est un Pipit farlouse Anthus pratensis.

Bravo MME Vieille !

Autre détail, le Pipit farlouse possède un ongle postérieur plus long et moins incurvé que celui du Pipit des arbres. Cela semble logique puisque le premier apprécie les pelouses maritimes et de montagne et que le second se rencontre dans les bois et forêts ouvertes (clairières ou prés en cours de boisement).

On comprendra aisément l’intérêt d’utiliser un télescope terrestre (ou lunette) pour observer et identifier les oiseaux.

Voyons quelques photos de Pipit des arbres où nous pourrons rechercher quelques uns des détails cités précédemment.

Chemin des Pêcheurs, Baie de Bonne-Anse (Les Mathes) (17), le 27/08/2004, Daniel Pareuil.

Sur cette photo, nous notons l’absence de stries sur les flancs, l’existence de trait loral** et le tour de l’œil, blanc et assez large.

L’endroit où a été prise la photo est un milieu favorable au Pipit farlouse : dunes et pelouses sableuses de bord de mer. Mais la date du 27/08/2004 nous rappelle que nous sommes en période migratoire.

Le Pipit des arbres est un oiseau migrateur qui arrive chez nous au début avril pour nidifier. Il hiverne en Afrique.

L’individu de la photo est de passage.

L’espèce est insectivore. Elle est relativement bien présente dans notre département, le Lot, où elle affectionne les prés ou causses en cours de boisement.

Le même milieu, non boisé dans le passé, était sans doute occupé par le Pipit rousseline.

Les Hauts Bois (Mer) (41), le 04/09/2004, Daniel Pareuil.

Ici, les fines stries sont bien visibles.

Le Pipit des arbres est identifiable à la voix (cris et chant). La parade nuptiale du mâle est spectaculaire. Il chante sur la partie haute d’un arbre ou autre perchoir, s’envole, monte, puis redescend "en parachute", ouvrant largement les ailes et la queue, tout en chantant.

Nid au sol dans l’herbe.

Voici maintenant quelques photos du Pipit farlouse.

Roche-Torin, baie du Mont-st-Michel (Courtils) (50), le 16/01/2012, Daniel Pareuil.

Sur cette photo, nous pouvons apprécier les détails de la tête :

- Absence de trait loral **.

- Tour de l’œil, blanc et étroit.

- Espace sous-mustacien étroit ***.

- Bec fin.

Roche-Torin, baie du Mont-st-Michel (Courtils) (50), le 16/01/2012, Daniel Pareuil.

Les stries nettes et marquées du dos et des flancs sont bien visibles.

L’espèce est insectivore. Elle n’est présente dans notre département, le Lot, que l’hiver ou en passage migratoire.

En zone de moyenne montagne, sur les bords de mer et dans les plaines du nord de la France, l’espèce est observable toute l’année.

Le Pipit farlouse est également identifiable à la voix (cris et chant). La parade nuptiale du mâle est aussi spectaculaire. Il chante sur la partie haute d’un piquet de clôture ou autre perchoir, s’envole, monte et redescend "en parachute ", ouvrant largement les ailes, mais pas la queue, tout en chantant.

Nid au sol dans l’herbe.

Roche-Torin, baie du Mont-st-Michel (Courtils) (50), le 16/01/2012, Daniel Pareuil.

Un petit regard pour s’assurer de l’absence de prédateur aérien.

Notez l’ongle postérieur, long et peu incurvé.

Les Monts d’Auvergne : Cantal, Forez… sont des bons secteurs pour rechercher, en début d’été, les Pipits Farlouse, des arbres et spioncelle, et les comparer.

Maintenant que vous avez beaucoup d’éléments pour différencier le Pipit des arbres et le Pipit farlouse, vous allez pouvoir vous intéresser et rechercher, à l’automne, les Pipits occasionnels rares.

Bonne chance !

A bientôt et avec plaisir.

Topologie de l’oiseau :

* Parotiques : espace sous l’arrière de l’œil, bordé par la moustache et l’espace sous-mustacien.

**Trait loral ** : Trait reliant l’œil au bec.

*** Espace sous-mustacien : espace partant du bec, compris entre la moustache et le trait malaire limitant la joue.

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2 Messages de forum

  • Photos réponses 50-2 6 février 2012 18:07, par VIEILLE M-Louise

    Ces recherches d’oiseaux mystères m’obligent à LIRE le guide et non pas seulement à le regarder…. et c’est une bon remède contre la précipitation !
    M-L Vieille

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