Pas de réponses ! Etait-ce trop difficile ?
L’oiseau mystère 41-1, certes pas très visible, est sur son nid.
Intéressons-nous, tout d’abord, à cette construction réalisée en boulettes de boue.
Nous pouvons imaginer le nombre de voyages que cela représente !
Ce type de construction nous oriente vers les hirundinidés (hirondelles).
Première constatation : un seul matériau est utilisé , la terre, et il n’est pas mêlé à des végétaux tels que la paille.
Ensuite, la forme est celle d’une coupe largement ouverte ou d’un panier. En animation, je dirais que cela ressemble à mon chapeau à l’envers !
Voici deux éléments qui peuvent nous amener à la réponse que nous allons trouver dans le tableau suivant :
Espèce | Nid | ||
---|---|---|---|
^^ | Matériaux | Forme | Où |
Hirondelle rustique Hirundo rustica | Terre, paille | coupe ouverte | Intérieur. Bâtiments |
Hirondelle de fenêtre Delichon urbicum | Terre | coupe fermée | Extérieur Bâtiments, falaises |
Hirondelle de rochers Ptyonoprogne rupestris | Terre | coupe ouverte évasée | Extérieur. Falaises, hauts bâtiments |
Hirondelle de rivage Riparia riparia | - | Terrier | Extérieur. Berges abruptes de rivières, retenue d’eau |
Hirondelle rousseline Cecropis daurica | Terre | coupe fermée avec tunnel extérieur | Extérieur. Sous les ponts |
La coupe ouverte évasée de l’Hirondelle de rochers Ptyonoprogne rupestris semble bien correspondre à celle que nous voyons sur la photo de l’oiseau mystère 42-1.
D’ailleurs, l’oiseau qui est sur le nid est une hirondelle à queue courte (la queue et les extrémités des deux ailes sont bien visibles) de couleur plutôt brune.
L’oiseau mystère 42-1 est bien une Hirondelle de rochers Ptyonoprogne rupestris.
Cliquer sur la photo pour l’agrandir.
Baussone, viaduc A20, bords de Dordogne (Pinsac) (46), le 21/04/2011, Daniel Pareuil.
Ici, l’oiseau est plus visible. Nous pouvons constater qu’il n’existe pas de contraste important entre les parties supérieures et inférieures du plumage.
Les parties supérieures sont gris brun fauve, les parties inférieures plus pâles, sont lavées de brun.
La poitrine n’est pas barrée d’une bande pectorale, comme chez l’hirondelle de rivage Riparia riparia.
Voici quelques éléments pour différencier facilement les quatre espèces d’hirondelles présentes sur le site de Baussone, viaduc A20 (Pinsac) (46).
Hirondelle à longue queue :*
Hirondelle rustique Hirundo rustica :
Les parties sup. sont noires à reflets bleus
Pas de croupion blanc*
Bande pectorale de même couleur que les parties sup.*
Hirondelle à queue courte :*
Hirondelle de fenêtre Delichon urbicum :
Les parties sup. sont noires à reflets bleus
Croupion blanc *
Fort contraste entre les parties sup. et inf.*
Pas de bande pectorale*
Hirondelle de rochers Ptyonoprogne rupestris :
Les parties sup. sont brun gris fauve
Pas de croupion blanc*
Pas de contraste entre parties sup. et inf.*
Pas de bande pectorale*
Hirondelle de rivage Riparia riparia :
Les parties sup. sont brun gris foncé
Pas de croupion blanc*
Contraste entre parties sup. et inf.*
Bande pectorale de même couleur que les parties sup.*
* Ces éléments sont les plus faciles à relever, particulièrement en vol, pour la détermination de l’espèce.
Petit retour sur le nid. Comparez celui de l’Hirondelle des rochers (photo précédente) avec celui de l’Hirondelle de fenêtre (photo suivante).
Cliquer sur la photo pour l’agrandir.
Baussone, viaduc A20, bords de Dordogne (Pinsac) (46), le 24/04/2011, Daniel Pareuil.
La coupe du nid d’Hirondelle de fenêtre est fermée, les bords ne sont pas évasés, juste un trou d’envol permet l’accès. Ce nid est en réfection.
Ce même site, le tablier du viaduc de A20, à Pinsac (46), est partagé, en période de nidification, par les deux espèces : Hirondelles de rochers et de fenêtre.
L’Hirondelle de rochers s’est installée à raison de deux nids par arche du viaduc, espacés d’environ 20m. Elle forme une petite colonie pas très compacte, comme cela est constaté habituellement.
L’espèce est agressive, surtout en période de nidification. Elle est farouche également et les photos sur le nid ont demandé beaucoup de patience. (Elle n’apprécie pas d’être observée sur le nid.)
Les nids sont tous placés dans la partie Est du tablier du viaduc, et il est fort probable qu’ils soient à l’abri du vent et du soleil. L’hirondelle de fenêtre, en plus petite colonie (deux à quatre couples), s’est placée de l’autre côté, au plus près de l’axe longitudinal du viaduc.
Elles se sont également partagé l’espace aérien pour chasser les insectes.
Ces deux espèces doivent cohabiter avec l’Hirondelle rustique Hirundo rustica et l’Hirondelle de rivage Riparia riparia, qui chassent sur ce même secteur.
L’Hirondelle rustique est nicheuse dans les granges des fermes avoisinantes et l’Hirondelle de rivage, dans la berge de la Dordogne à proximité immédiate du viaduc A20.
Les sites de nidification utilisés fréquemment par l’Hirondelle de rochers, se situent sous les surplombs des falaises. Mais actuellement, il est constaté qu’elle se rapproche de l’homme et s’installe sur de hauts bâtiments.
C’est un « petit migrateur ». Certains individus vont passer l’hiver en Espagne ou au Maghreb, d’autres sont sédentaires.
L’hiver, dans le département du Lot, les falaises sont souvent abandonnées par l’espèce, mais par contre, elle est présente dans des villes comme Cahors (Lot) ou Sarlat (Dordogne).
C’est la première hirondelle à revenir de ses quartiers d’hiver (fin février, début mars).
L’espèce est peu étudiée. Il semble que par ses terrains de chasse (falaises) et sa migration réduite, elle soit à l’abri des dangers qui menacent les autres espèces d’Hirondelles. Mais son rapprochement de l’homme pourrait inverser la tendance.
Un petit mot sur l’Hirondelle de rivage dans le département du Lot :
Les travaux de mise en sécurité des piles du viaduc de A20 ont mis en péril l’existence de la dernière colonie lotoise en rivière.
L’enrochement a été limité.
Elles sont revenues et se sont installées à nouveau.
Une petite main a coupé les racines et fait tomber la terre qui menaçait. Elles ne se sont pas installées là où cela n’a pas été fait.
Le labourage de la parcelle située au-dessus de la colonie a été limité et une bande végétale à été conservée (Bravo à l’agriculteur).
Le comportement, fortement grégaire (vie en groupe) de l’espèce doit être pris en compte pour lui laisser la possibilité de survivre sur la Dordogne dans le département du Lot. Cela nécessite une prise de conscience de tous ceux qui utilisent la rivière et gèrent ses abords.
Un petit groupe d’Hirondelle de rivage (une dizaine d’individus) est venu tourner au-dessus du site de la gravière en activité de St-Denis-lès-Martel (46). J’ignore actuellement si ce groupe est installé, mais il est très faible et n’a que peu de place pour nidifier.
Cliquer sur la photo pour l’agrandir.
Baussone, viaduc A20, bords de Dordogne (Pinsac) (46), le 09/04/2011, Daniel Pareuil.
Le creusement des terriers.
Quelques liens à consulter :
http://www.lotnature.fr/spip.php?article45
http://www.lotnature.fr/botanique/spip.php?article1085
http://www.lotnature.fr/botanique/spip.php?article1046
Avec plaisir.