Observation exceptionnelle dans le Lot

Un groupe de Harles biévres sur le lac Vert de Catus

Samedi 1er janvier 2011, par José GAS, Noctua, Philippe // Oiseaux de France, dans le Lot (46)

14 individus observés à Catus à partir du 29 décembre 2010 : 12 femelles et peut-être 2 mâles.

Le Harle bièvre (Mergus merganser) est le plus grand des six espèces de harles qui existent dans le monde. Son poids varie de 898gr. à 2Kg160 (les mâles sont généralement plus lourds que les femelles). Sa longueur est comprise entre 58 et 66 cm, tandis que son envergure varie entre 82 et 97 cm. L’ensemble de ces mensurations le rend assez comparable au Canard colvert.

Le Harle bièvre est présent en Asie, en Europe et en Amérique du nord (il est représenté par trois sous-espèces distinctes). La sous-espèce nominale, de répartition « euro-sibérienne », niche dans les régions nordiques : Islande, Grande-Bretagne, Scandinavie et à l’est jusqu’à la presqu’île du Kamchatka et le nord du Japon.

Une petite population existe en Europe occidentale. Le premier cas de nidification observé en Haute-Savoie date de 1905 et l’espèce est aujourd’hui nicheuse sur le Lac Léman et sur les lacs et rivières proches.

La portion française de cette population est estimée à environ 180 couples dont 95% en Haute-Savoie, et à environ 450 couples en Suisse. Elle tendrait à s’étendre, notamment via le Rhône et le Rhin, aux régions voisines comme l’Alsace ou la Franche-Comté.

Mais tous les couples ne se reproduisent pas, car l’espèce est exigeante et les sites de nidifications favorables peu nombreux : il lui faut des cavités pour établir son nid. Les cavités naturelles (d’arbres ou de rochers) ou les cavités artificielles (recoins obscurs de bâtiments) sont généralement choisies assez près de l’eau. Cependant les canetons doivent parfois parcourir en marchant des distances importantes avec leur mère pour rejoindre l’élément aquatique…

Ce beau canard, rare et protégé, se nourrit essentiellement de divers poissons et d’autres proies animales (mollusques, crustacés, insectes aquatiques, …).

Les 14 individus observés à Catus à partir du 29 décembre 2010 comptaient 12 femelles et peut-être 2 mâles. Deux individus étaient en effet légèrement plus corpulents et possédaient une tête plus sombre que les autres (cf. photos). Mais il s’agissait probablement de jeunes mâles car les mâles adultes quittent normalement leur plumage d’éclipse pour un plumage nuptial en novembre…

Les poissons consommés étaient apparemment essentiellement des cyprinidae d’une vingtaine de centimètres maximum mais les Poissons chats Ameiurus melas de taille comparable sont également consommés (observation du 31 décembre 2010).

Cette observation semble être une première lotoise : aucune autre donnée d’hivernage du Harle bièvre dans le Lot ne nous est connue à ce jour. Il y a fort à parier que c’est la vague de froid sévissant sur la Mer Baltique et la Mer du Nord qui est à l’origine des observations « méridionales » de Harle bièvre en France. La population « franco-suisse » serait quant à elle sédentaire en hiver bien que les mâles se regroupent dans les fjords du Finmark en début d’été pour muer en paix (la mue est une période critique chez les Anatidae qui perdent simultanément beaucoup de rémiges, ce qui les empêche momentanément de voler !)

Liens web : Les Oiseaux de Suisse :

Ornithomedia

Wikipédia

Bibliographie :

DEL HOYO J., ELLIOT A. & SARGATAL J. eds. (1992-2002) : Handbook of the Birds of the World. Vol. 1. Lynx Edicions, Barcelona, España, 696p.

DELIN H. & SVENSON L. (1992) : L’Encyclopédie photographique des Oiseaux d’Europe. Bordas, Paris, France, 288p.

MULLARNEY K., SVENSON L., ZETTERSTRÖM D. & GRANT P.J. (1999) : Le guide Ornitho. Delachaux et Niestlé S.A., Lausanne, Switzerland - Paris, France, 400p.

ROCAMORA G. & YEATMAN-BERTHELOT D. (1999) : Oiseaux menacés et à surveiller en France. Listes rouges et recherches de priorités. Populations. Tendances. Menaces. Conservation. Société d’Etudes Ornithologique de France - Ligue pour la Protection des Oiseaux, Paris, France, 598p.

SCOTT P. (1988) : Guide en couleur des Anatidés du Monde. Ed. Gerfaut Club, Paris, France, 96p.

YEATMAN-BERTHELOT D. & JARRY G. (1991) : Atlas des oiseaux de France en hiver. SociétéOrnithologique de France, Paris, France, 575p.

YEATMAN-BERTHELOT D. & JARRY G. (1994) : Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France. 1985- 1989. Société Ornithologique de France, Paris, France, 775p.

Texte Marc Esslinger Photos 1-2-3-4-6 José Gas Photos 5-7-8 Philippe

Observation par José Gas le 3 Janvier 2011 Les Oiseaux sont toujours sur le Lac vert de Catus (46). Un couple de Colverts s’est joint à eux, à distance. Les allées et venues de promeneurs ou de véhicules ne semblent pas pour l’ instant les perturber. Les 14 individus sont présents. Photos José Gas
Observation par José Gas le 5 Janvier 2011 Les Oiseaux sont toujours présents sur le Lac. Deux couples de Colverts de plus s’y sont joints. Les 14 individus sont présents. Photos José Gas

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4 Messages de forum

  • Un groupe de Harles biévres sur le lac Vert de Catus 3 janvier 2011 20:57, par Jean-Pierre Jacob

    Ce Lundi 3 Janvier, le groupe en entier est toujours présent au milieu du lac.
    Un photographe enrhumé les surveille cependant.
    ( ;0))))

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  • Un groupe de Harles biévres sur le lac Vert de Catus 7 janvier 2011 06:37, par Jean-Pierre Jacob

    Après midi du 6 Janvier : temps humide ; le groupe est toujours présent, actif ; pour la première fois depuis que je passe sur la route au sud du lac, les oiseaux à 10m de la rive ne partent pas vers le milieu du lac lorsque je m’arrête pour les observer en laissant tourner le moteur. S’habituent t-ils au petit trafic voitures piétons habituel ?

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  • Un groupe de Harles biévres sur le lac Vert de Catus 7 janvier 2011 12:52, par Daniel Pareuil

    Très bien cet article, mais l’identification de deux mâles me chagrine. Je suis retourné l’après-midi du 04/01/2011, ayant le doute, car je n’ai jamais vu de mâle en plumage d’éclipse.

    Au vu du guide, les mâles en plumage d’éclipse ressemblent aux femelles, hormis que sur l’aile fermée, les mâles possèdent une large tache alaire blanche ce qui est le cas également des immatures "premier hiver". Je ne me souviens pas le 29/12/2010 avoir remarqué cette tache alaire blanche, sur aucun des 14 individus. Cet après-midi, j’ai pu en contrôler onze, sans tache alaire.

    Cela me semble logique, car à cette époque, les mâles sont en plumage nuptial.

    Le 12/12/2010, aux lac du Der et alentour (Champagne-Ardenne), j’ai observé beaucoup de Harles bièvres, plus que d’habitude. Les mâles étaient en couple et il y avait beaucoup d’immatures décrit dans le guide avec le plumage juvénile (trait loral *).

    Habituellement, en Champagne-Ardenne, où l’espèce est un hivernant annuel, ils sont moins nombreux et beaucoup sont en couple. C’est bien la vague de froid sur les Pays-Bas et la France qui les a fait venir jusque ici.

    Pour moi il s’agit d’un groupe automnal comprenant deux femelles (tête foncée) et douze immatures (tête claire).

    Les immatures sont des jeunes de l’année car certains ont un plumage proche du juvénile, entre autre un trait loral * visible.

    Dans les Palmipèdes d’Europe de Géroudet, édition mise à jour par Michel Cuisin, j’ai noté ces éléments :

    Les mâles se regroupent pour muer, en juin-juillet, les femelles muent plus tard. Les troupes de harles reparaissent en août.

    Les mâles tendent à s’éloigner le moins possible des lieux de nidification, les femelles et les jeunes voyagent davantage et atteignent même le nord de la Méditerranée, exceptionnellement l’Afrique du Nord.

    Voici donc quelques éléments complémentaires pour cet article passionnant, nous aurons peut-être l’occasion de redécouvrir l’espèce lors d’un oiseau mystère…

    A noter que dans la même période des Harles bièvres ont été observés en Limousin, Dordogne, Aveyron et à Bannac (observation de Pascal Bounie, communiquée par Renaud Nadal).

    * Le trait loral se situe en avant de l’oeil, dans le prolongement du bec.

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