Photos réponse 36-2

Lundi 27 décembre 2010, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

La réponse se faisant attendre, il est temps que je m’attelle à la tâche.

Merci aux deux personnes, qui ont osé proposer une réponse.

La première orientation était celle des canards.

Jean-Jacques, a fait une tentative avec le mâle de Sarcelle d’hiver Annas crecca.

La taille des oiseaux n’est pas facile à déterminer sur une photo, surtout en l’absence de repères.

Des points convergeaient : la couleur du bec presque noir et la tête brun roux, pouvaient prêter à confusion.

Par contre la poitrine plus foncée que le reste du corps, hormis la tête, écartait cette solution.

Si la taille avait pu être appréciée, elle levait le doute immédiatement. La Sarcelle d’hiver est nettement plus petite que nos oiseaux mystères 36-1.

Essayons d’y voir clair !

Nos oiseaux ou canards mystères, ne possèdent pas de couleurs très chatoyantes. En début d’hiver, les mâles de canards se sont parés d’un plumage, généralement, aux couleurs vives.

Nous pouvons donc penser qu’il s’agit de femelles ou d’immatures.

Le plumage du mâle de Canard chipeau Anas strepera, est à dominance grise. Ce gris n’est pas une couleur vive, mais la poitrine finement vermiculée de ce magnifique canard, en plumage et silhouette, ne lui permet pas d’être l’un de nos oiseaux mystères 36-1.

Nous pouvons également nous attarder sur la silhouette des oiseaux mystères 36-1, malgré que la photo les présente de face, ou presque.

Ils paraissent assez massifs, le bec est large de couleur presque noir, le front fuyant et la queue semble plonger dans l’eau.

Il existe deux catégories de canards : les canards de surface et les canards plongeurs.

Recherchons parmi les canards de surface, les femelles ayant un bec de couleur presque noir.

Nous trouvons la Sarcelle d’hiver que nous avons déjà écartée. Mais aussi :

Le Canard pilet Anas acuta

Le Canard siffleur Anas penelope

Le Canard à front blanc Anas americana

Et toutes les autres Sarcelles s.p.

Les Sarcelles s.p. ont toutes la queue relevée, de même que les Canards pilet, siffleurs et à front blanc.

Nos oiseaux mystères 36-1 ne sont pas des canards de surfaces, ce sont des canards plongeurs.

En fait, tous ces canards de surface flottent, assez haut sur l’eau.

Les canards plongeurs ont des os plus lourds que ceux des canards de surface. Cela est en rapport avec le volume de l’oiseau, car les canetons de canards de surface peuvent plonger pour échapper aux prédateurs aériens. Malheureusement pour eux, il y a le Brochet.

Il ne nous reste plus qu’à parcourir les pages du guide sur les canards plongeurs et particulièrement les Fuligules, car Garrot s.p., Eider s.p., Macreuse s.p., Harelde boréale, Arlequin plongeur, Harles s.p., Erismatures s.p. ont des silhouettes et plumages très différents des oiseaux mystères 36-1.

La forme du bec et le contraste très marqué entre le cou, les joues et le dessus de la Tête, élimine la Nette rousse Netta rufina femelle et immature.

Pour différencier les différentes espèces de Fuligules s.p., il faut être attentif à la forme de la tête, la présence d’une huppe, la couleur des sous-caudales et bien analyser le bec dans tous ces détails.

Par exemple :

Le plumage du Fuligule nyroca Aythya nyroca est brun acajou et possède des sous-caudales blanches.

L’arrière très arrondi de la tête du Fuligule milouinan Aythya marila est diagnostique et la base du bec est souvent blanche.

Le Fulligule morillon Aythya fuligula femelle possède une trace de petite huppe.

L’arrière de la calotte est pointu chez le Fuligule à bec cerclé Aythya collaris tout comme chez le Fuligule à tête noire Aythya affinis. Le premier possède un large anneau blanc autour du bec.

Mais aucune des femelles ou immatures de ces fuligules cités ont un plumage qui correspond à celui des oiseaux mystères 36-1.

Seul reste en lice, le Fuligule milouin Aythya ferina femelle ou immature.

Le large bec presque noir, le front fuyant, la poitrine brune, tranchant sur le gris du reste du plumage, nous le confirme.

La ligne claire, à l’arrière de l’œil, laisse penser qu’il s’agit de femelles. Chez les immatures, cette ligne claire est moins marquée et le dos et les ailes sont davantage de couleur brun que gris.

Mais ce pourrait être deux immatures, ces critères étant difficiles à apprécier.

***Les oiseaux mystères 36-1 sont des Fuligules milouins Aythya ferina femelles.

Bravo pour la personne qui a donné cette bonne réponse.

Voici une autre photo, où les oiseaux sont de profil.

Plan d’eau du Tumulus (Gramat) (46), le 09/12/2010, Daniel Pareuil.

La queue est courte et l’oiseau en premier plan est assez haut sur l’eau.

Le bec des mâles et des femelles est orné d’une large bande subterminale gris clair en plumage nuptial, qui n’apparaît pas ici.

L’analyse visuelle du bec est très importante pour déterminer l’espèce, particulièrement la largeur de l’extrémité noire et l’onglet. Cela permet également d’identifier d’éventuels hybrides. Pour cela il faut connaître les caractères distinctifs des espèces de Fuligule s.p. et voir sur l’oiseau suspect ceux qui ressortent.

Expertise passionnante !

Par ailleurs, deux autres espèces occasionnelles américaines sont proches du Fuligule milouin. Ce sont les Fuligules à tête rouge Aythya americana et à dos blanc Aythya valisineria. Pour distinguer ces deux espèces du Fuligule milouin, il faut porter attention à : la largeur de la bande subterminale grise du bec, la forme de la tête, un front encore plus fuyant, la répartition des couleurs du plumage…

La présence de ces oiseaux n’est pas fréquente, dans notre département, le Lot. En hiver, il peut être possible d’observer l’espèce au lac de Tolerme (en l’absence d’activités nautiques) où au plan d’eau de Vayrac sur la Dordogne.

Il est intéressant de voir dans de meilleures conditions et hors de l’eau, le Fuligule milouin femelle.

Etang de la Sous, Chérine, Brenne (St-Michel-en-Brenne) (36), le 10/05/2010, Daniel Pareuil.

Notez : le large bec presque noir et sa large bande subterminale grise, le front fuyant, la tête ronde, celle du mâle est légèrement conique, le volume surprenant de l’oiseau, la ligne de flottaison se situant au niveau de l’aile.

Voici le mâle.

Etangs des Essarts, Chérine, Brenne (St-Michel-en-Brenne) (36), le 11/03/2007, Daniel Pareuil.

Mis à part les espèces américaines proches, il est facile à identifier :

Le dos est gris clair, la poitrine et la queue sont noires, la tête est brun-roux.

Etangs des Essarts, Chérine, Brenne (St-Michel-en-Brenne) (36), le 11/03/2007, Daniel Pareuil.

L’espèce peut plonger jusqu’à 4,5m de profondeur, durant une vingtaine de secondes, pour rechercher sa nourriture. Le mâle plonge plus profondément que la femelle.

La nourriture est composée de moules zébrées, de graines de plantes aquatiques et de bulbes, tel ceux de potamots Potamogeton pectinatus.

Il est très actif la nuit, et souvent dans la journée, nous l’observons sur un plan d’eau, le bec dans les plumes.

Le nid est dans l’herbe près de l’eau.

En France, l’espèce est un nicheur peu commun et un migrateur, hivernant commun.

L’expansion vers l’Europe de l’ouest de ce canard plongeur date de la fin du 19 ème et début du 20 ème siècle. La création de plans d’eau en Europe de l’Ouest semble l’avoir favorisé.

En juillet et Août, sur l’étang de Lindre en Lorraine, de nombreux individus se rassemblent pour muer. Parmi eux, se trouvent régulièrement quelques Fuligules nyroca. Le Fuligule nyroca vit surtout en Europe centrale, et il est fort probable que les Fuligules milouins venant muer à l’étang de Lindre proviennent d’Europe centrale également.

Et les Jeunes !

Etangs des Essarts, Chérine, Brenne (St-Michel-en-Brenne) (36), le 13/06/2009, Daniel Pareuil.

Les canetons ont un peu grandi.

Etang à droite, sur D13 vers Dhuizon (Dhuizon) (41), le 03 /07/2004, Daniel Pareuil.

La femelle, la plus grande est au troisième plan, notez son dos grisâtre. Les juvéniles ont des touffes brunes de duvet encore apparentes.

A bientôt et avec plaisir.

Bibliographie :

Le guide ornitho, de Lars Svensson, Killian Mullarney et Dan Zetterström.

Les Palmipèdes d’Europe de Paul Géroudet.

Camargue Canards et Foulques de Alain Tamisier et Olivier Dehorter.

Nouvel inventaire des oiseaux de France de P.J. Dubois, P. Le Maréchal, G. Olioso, P. Yésou.

Répondre à cet article