Photos réponses 92-2.

Tarier des prés Saxicola rubetra

Lundi 10 juillet 2017, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

L’identification de l’oiseau mystère n’a pas résisté à la perspicacité de Catherine Michels et de M.L. Vieille, Bravo ! Et merci pour cette contribution régulière.

L’oiseau mystère 92-1 a l’allure d’un petit passereau rondouillard.

Il arbore un net et magnifique sourcil blanc, légèrement chamois près du bec.

Le rapprochement avec « L’oiseau mystère 89-1 » et « Photos réponse 89-2 est une bonne piste.

Dans ce dernier article, on y trouve entre-autres :

« Le Tarier des prés possède un net sourcil blanc ou chamois, des parties supérieures du plumage tachetées, du blanc à la base de la queue et un croupion fortement tacheté. Ceci en tous plumages : frais (automne), usé (printemps), mâle, femelle, juvénile. »

Certes, la photo de l’oiseau mystère 92-1 ne permet pas de vérifier tous ces critères, mais le net sourcil blanc ou chamois, les lores soulignés de blanc, la gorge chamois, la poitrine orangée et parsemée de fines taches brunes, suffisent pour affirmer :

L’oiseau mystère 92-1 est un Tarier des prés Saxicola rubetra.

Regardons-le sous un autre angle.

Plan d’eau du Tumulus (Gramat) (46), le 08/09/2004, Daniel Pareuil.

Le sourcil est davantage blanc au-dessus de l’œil et chamois vers le bec.

Remarquez le cercle péri-oculaire ou orbital formé de fines plumes blanches.

Les scapulaires (plumes de couvertures sur l’épaule) sont bordées de liserés blancs (ou chamois).

La couleur des lores (en avant de l’œil) et des parotiques (en arrière de l’œil), permettrait, entre autres critères, de définir le sexe de l’oiseau. Si celles-ci avaient été noires, nous aurions affaire à un mâle en plumage nuptial. Or, sur cette photo, elles sont brunes.

L’observation et la prise des photographies ont eu lieu en septembre. A cette période, comme le Tarier des prés mue de juillet à septembre, Il est donc difficile et hasardeux d’affirmer mâle ou femelle pour cet oiseau.

Il se pourrait même qu’il s’agisse d’un immature de premier hiver.

Nous avons affaire à un plumage frais (neuf) et dans cette situation, mâle, femelle, adulte ou immature sont difficiles à déterminer.

Voyons une troisième photo du même oiseau vu de profil.

Plan d’eau du Tumulus (Gramat) (46), le 08/09/2004, Daniel Pareuil.

Ici, le sourcil apparait davantage blanc, le bord des scapulaires davantage chamois !!

Si l’on regarde attentivement, dans « Le guide ornitho », l’illustration du plumage de l’immature premier hiver, on découvre de petits points blancs en extrémités des plumes de couvertures scapulaires ainsi que de celles des couvertures du manteau (dos de l’oiseau).

Normalement, seuls les mâles possèdent une petite tache blanche en bord d’aile repliée, mais elle n’est pas toujours facile à voir et ici sur cette troisième photo…il y a une branche juste devant son emplacement !!

A l’automne, c’est un vrai casse-tête !!

Plan d’eau du Tumulus (Gramat) (46), le 13/09/2005, Daniel Pareuil.

Outre les parties supérieures du plumage, striées de sombre, cette photo nous montre bien la petite tache blanche en bord d’aile repliée.

Cet individu est un mâle en plumage frais à l’automne, démarrant sa migration post nuptiale qui l’amènera en Afrique tropicale où il hivernera.

Sur cette photo, nous pouvons constater que la queue du Tarier des prés est relativement courte, et apprécier le rapport de la projection primaire (rapport entre la longueur des tertiaires et celle de l’extrémité des primaires, sur l’aile repliée).

Ce rapport de la projection primaire est important, et indique que le Tarier des prés possède de grandes ailes (en rapport avec son gabarit) qui lui permettent d’effectuer de longues migrations.

Le Tarier pâtre Saxicola torquatus possède des ailes plus courtes et effectue de petites migrations.

Peau de Meau, plaine de Crau (St Martin-de Crau)(13), le 24/04/2005, Daniel Pareuil.

Enfin une photo en période printanière !

Il s’agit d’un mâle, en plumage nuptial.

Notez les lores et les parotiques d’un brun très sombre presque noir.

Par contre, la petite tache blanche en bord d’aile repliée est masquée.

Elément important, chez le Tarier des prés : le croupion brun jaunâtre est fortement tacheté de sombre. C’est beaucoup plus net que chez le Tarier pâtre de la sous-espèce Saxicola torquatus rubiciola (voir photos réponse 89-2).

Le Tarier des prés apprécie les milieux ouverts et plus particulièrement les prairies humides ou d’alpages.

La plaine de Crau où a été prise la photo est une steppe aride, mais il y a de nombreux canaux. C’est l’ancien lit de la Durance.

L’espèce niche au sol, dans une touffe d’herbe, dans les plaines humides ou les zones de montagne.

La ponte est généralement de cinq à six œufs bleu turquoise.

Au plus près du département du Lot, la planèze de St-Flour dans le Cantal est un bon site pour l’observer en période de reproduction.

Espèce protégée, nicheur et migrateur peu commun en 2008, il est classé actuellement vulnérable (atlas national 2015) en tant que nicheur.

Son déclin est lié aux changements récents de l’agriculture concernant les modes de gestion des prairies (précocité et fréquence des fauches).

Prairie Grande, plan d’eau du Tumulus (Gramat) (46), le 01/09/2005, Daniel Pareuil.

Voici, probablement, une femelle, mais toujours à l’automne.

Je n’ai pas de photo de femelle au printemps. La femelle est moins colorée que le mâle, et le sourcil reste bien marqué mais nettement chamois. Les débutants ornithos peuvent parfois la confondre avec la femelle de Tarier pâtre.

Sur cette photo, on notera la queue courte et le croupion brun jaunâtre fortement taché de sombre.

Plan d’eau de Pierrefitte (Talizat) (15), le 21/08/2006, Daniel Pareuil.

Femelle, sur un lieu de nidification. La mue a commencé, les pointes blanches en bord des couvertures scapulaires et du manteau en témoignent.

L’espèce affectionne particulièrement les clôtures, les haies ou les arbustes pour surveiller son territoire. Comme le Tarier pâtre ou les Rougequeues noirs Phoenicurus ochruros et à front blanc Phoenicurus phoenicurus, elle agite la queue nerveusement.

Le Tarier des prés se nourrit principalement d’insectes, d’araignées, de vers et de petits mollusques. Pour les hivernants européens (Grande-Bretagne, Espagne), ce seront quelques graines de crucifères et des petits fruits.

Plan d’eau du Tumulus (Gramat) (46), le 09/09/2004, Daniel Pareuil.

Le chant est faible et ressemble à celui du Tarier pâtre avec beaucoup d’imitations d’autres oiseaux.

Baie de Bonne Anse (La Tremblade) (17), le 31/08/2004, Daniel Pareuil.

Nous sommes en bord de mer, dans les dunes de la baie de Bonne Anse. Ce n’est pas le milieu habituel du Tarier des prés, mais simplement la halte migratoire pour refaire les réserves énergétiques afin de continuer le voyage pour l’Afrique tropicale ou l’Espagne.

En dehors du sourcil, un dernier élément pour différencier les femelles de Tarier pâtre et de Tarier des prés : Chez le Tarier des prés, il y a davantage de blanc à la base de la queue que chez le Tarier pâtre. Cela se voit davantage en vol, bien sûr.

A bientôt et avec plaisir.

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4 Messages de forum

  • Photos réponses 92-2. 11 juillet 2017 19:30, par M-L Vieille

    Bonjour,
    C’est toujours avec beaucoup de plaisir que je prends connaissance de la "Photo-Réponse".
    Cela me permet aussi d’évoluer dans ma façon de procéder à la recherche des critères pour tenter de découvrir l’oiseau-mystère !
    M-L Vieille

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  • Photos réponses 92-2. 12 juillet 2017 10:06, par jjL

    Bonjour à tous
    J’ai peut-être rencontré un Tarier des prés dans mes balades mais jamais il ne m’a présenté une telle carte d’identité. Merci Daniel pour cette description aussi détaillée qu’instructive.
    jjLacroix

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