Photos réponses 89-2.

Tarier pâtre Saxicola torquatus.

Lundi 3 avril 2017, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

Bravo et merci à J.J. Lacroix, Catherine Michels et M.L. Vieille qui ont donné une réponse. Ainsi cette rubrique est plus riche et plus vivante !

L’oiseau mystère 89-1 est un petit oiseau sympathique, relativement facile à découvrir dans les campagnes bordées de haies, et là où subsistent quelques friches arbustives (des broussailles).

Il se tient souvent bien visible au sommet de la haie ou de l’arbuste, et est ainsi bien observable.

Sa silhouette rondouillarde rappelle des oiseaux tels que : Rougegorge familier, Rossignol philomèle, Gorgebleue à miroir, Rougequeues noir ou à front blanc, Traquets s.p.

Tous ces oiseaux faisaient partie de la famille des Turdidés, qui regroupe principalement les Grives et les Merles. Actuellement, ils sont rattachés à la famille des Muscicapidés, qui rassemble également les Gobemouches.

Les Prunellidés ou Accenteurs ont une silhouette plus allongée.

La silhouette, la posture de l’oiseau mystère 89-1 nous amènent à regarder de plus près les critères d’identification de deux espèces de la famille des Muscicapidés :

- Le Tarier des prés Saxicola rubetra.

- Le Tarier pâtre Saxicola torquatus.

Le Tarier des prés possède un net sourcil blanc ou chamois, des parties supérieures du plumage tachetées, du blanc à la base de la queue et un croupion fortement tacheté. Ceci en tous plumages : frais (automne), usé (printemps), mâle, femelle, juvénile.

Sur la photo de l’oiseau mystère 89-1, l’absence d’un net sourcil blanc ou chamois indique un Tarier pâtre.

Il existe une ébauche de sourcil clair, qui n’est pas représentatif de celui d’un Tarier des prés, comme vous pouvez le voir sur la photo suivante.

Plan d’eau du Tumulus (Gramat) (46), le13/09/2005, Daniel Pareuil.

Net sourcil chamois chez ce Tarier des prés en halte post-migratoire à Gramat.

Donc, seul le Tarier pâtre correspond à l’oiseau mystère 89-1.

Essayons de déterminer son sexe, voire son âge.

L’absence de mouchetures dans le plumage élimine le juvénile. Les teintes plutôt pâles du plumage : orangé roussâtre de la poitrine, brun de la tête et de la gorge, nous orientent vers une femelle adulte. A cette époque de l’année, le 29/07/2009, le mâle a des couleurs plus vives et le plumage de sa tête est noir.

L’oiseau mystère 89-1 est une femelle de Tarier pâtre Saxicola torquatus.

Voyons la réponse en photo.

Les Hauts bois, limite Mer/Suèvres (Suèvres) (41), le 29/07/2009, Daniel Pareuil.

Il y a plus de douceur ici que dans la photo de l’oiseau mystère 89-1.

Sur cette photo, notez les bandes brunes foncées sur le dessus de la tête, et le fait que la gorge brune a pratiquement disparu.

J’ai eu la chance de pouvoir prendre cette photo, celle de l’oiseau mystère 89-1 et les deux autres suivantes, peu après la sortie du nid des jeunes, accompagnés des parents.

Cela confirme un plumage d’adulte et exclue les plumages d’immature premier hiver.

Les Hauts bois, limite Mer/Suèvres (Suèvres) (41), le 29/07/2009, Daniel Pareuil.

A droite, le mâle reconnaissable à sa tête noire.

A gauche, un juvénile au plumage moucheté.

Les Hauts bois, limite Mer/Suèvres (Suèvres) (41), le 29/07/2009, Daniel Pareuil.

Voici le mâle.

Chez le mâle, la poitrine est orangé roux, plus vif que chez la femelle, le blanc au cou est plus important et la tête est d’un beau noir.

La détermination de cette espèce semble relativement simple, mais en réalité, il s’agit d’une espèce polytypique* qui comporte de nombreuses sous-espèces.

Certaines sous-espèces sont devenues des espèces, comme le Tarier oriental Saxicola torquatus maurus. Chez le mâle, le demi-collier blanc est plus large, le croupion est blanc pur et l’orangé roux de la poitrine est réduit à une tache.

Une autre espèce est endémique, le Tarier des Canaries Saxicola dacotiae. Le mâle possède un étroit sourcil blanc et une gorge blanche.

Le mâle de la sous-espèce Saxicola torquatus variegatus possède une queue qui rappelle celle, typique, des Traquets.

Les deux sous-espèces rencontrées le plus fréquemment en France sont :

- Saxicola torquatus hibernans dans les îles Britaniques, l’Ouest de l’Espagne et la Bretagne en France. C’est la plus sombre des deux.

-Saxicola torquatus rubicola dans le Sud et l’Ouest de l’Europe.

Ces deux sous-espèces sont très proches.

Le genre Saxicola comprend 11 espèces :

- Tarier de Jerdon Saxicola jerdoni, au nord de l’Asie du Sud-Est.

- Tarier gris Saxicola ferreus, 2 sous-espèces, Asie du Sud-Est.

- Tarier à gorge blanche Saxicola gutturalis, 2 sous-espèces, Timor.

- Tarier des prés Saxicola rubetra, Europe et Ouest de l’Asie. Hiverne en Afrique.

- Tarier de Stoliczka Saxicola macrorhynchus, Inde.

- Tarier de Hodgson Saxicola insignis, Altaï, Mongolie. Hiverne en Inde.

- Tarier pie Saxicola caprata, 16 sous-espèces, Iran, Kazakhstan, Afghanistan, Inde, Asie du Sud-Est, Indonésie.

- Tarier à queue blanche Saxicola leucurus, Pakistan, Inde, Bangladesh, Myanmar.

- Tarier des Canaries Saxicola dacotiae, île de Fuerteventura.

- Tarier pâtre Saxicola torquatus, 24 sous-espèces, Europe, Asie jusqu’au Japon, Afrique de l’Est et du Sud, Madagascar, Maghreb.

- Tarier de la Réunion Saxicola tectes, île de la Réunion.

Impressionnant, n’est-ce pas ? Et, dans quelques années, avec l’évolution de la taxonomie**, des espèces ou sous-espèces pourront apparaître ou disparaître !

Revenons au Tarier pâtre, en France.

Chemin vers Suèvres, friche au nord du verger haut, les Hauts Bois, St-Marc (Mer) (41), le 20/08/2013, Daniel Pareuil.

Sur cette photo, la mue du plumage est visible chez ce mâle. En effet, en cette fin de mois d’août, après la nidification, l’oiseau renouvelle son plumage. Ainsi, il pourra mieux affronter l’hiver après une courte migration plus au sud.

L’espèce est une migratrice partielle, voire sédentaire, sauf dans le quart Nord-Est de la France. Cela est variable suivant les régions. Dans le nord du département du Lot, l’espèce n’hiverne pas et revient au début du mois de Mars.

Sur la photo précédente, nous pouvons remarquer la présence de plumes brunes parmi les couvertures alaires. Les franges brunes des plumes occulteront la couleur noire des parties supérieures du plumage. La zone autour et à l’arrière de l’œil restera noire ou brun foncé.

Notez également le fin liseré blanc en extrémité de la queue.

Vergers, les Hauts-Bois (Mer) (41), le 04/09/2004, Daniel Pareuil.

Personnellement, je pense que cet oiseau est un mâle en plumage internuptial. Ce qui illustrerait mes propos précédents sur la mue. Mais si je fais erreur, n’hésitez pas à me le dire, ce sera forcément un enrichissement.

Il est possible que la photo fournie par Catherine Michels lors de sa réponse-et je l’en remercie- soit celle d’un mâle en plumage internuptial ou d’un immature de premier hiver. Le lieu et la date de la photo seraient utiles. Je recevrais avec plaisir ces informations, et la confirmation, ou l’infirmation, du sexe de l’oiseau.

Friche vers les Landes, les Hauts Bois (Mer) (41), le 24/08/2008, Daniel Pareuil.

Là, il n’y a pas de doute, il s’agit d’un juvénile puisqu’il est tout moucheté.

L’espèce niche au sol, dans des friches arbustives.

Son régime est principalement insectivore. Mais il consomme aussi des petits mollusques, des vers de terre, et l’hiver, des graines de crucifères et des petits fruits. Il chasse souvent à partir d’un arbuste.

Comme les Rougequeues, l’oiseau est nerveux et agite fréquemment la queue.

Son chant est constitué d’une strophe aiguë et il faut une bonne oreille pour l’entendre.

Le statut de l’espèce, en tant que nicheur, est préoccupant au niveau national.

Dans le département du Lot, elle semble bien représentée.

Le Jas Neuf, réserve naturelle de Moëze-Oléron (Moëze) (17), le 20/01/2007, Daniel Pareuil.

Une femelle en plumage internuptial… ou un immature premier hiver ?

J’hésite… Qu’en pensez-vous ? Je reste à votre écoute !

A bientôt et toujours avec plaisir.

Glossaire :

*Polytypique : comprenant plusieurs sous-espèces.

**Taxonomie : science des lois de la classification des espèces.

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