Photos réponses 88-2.

Cygne tuberculé Cygnus olor, Cygne de Bewick Cygnus columbianus

Lundi 6 mars 2017, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

Merci à M.L.Vieille , J.J. Lacroix, Catherine Michels pour leurs réponses argumentées. Ils donnent de la vie au forum de l’oiseau mystère. Un grand merci à eux !

Et surtout, si les oiseaux mystères vous intéressent, n’hésitez pas à joindre vos réponses aux leurs !

Nous étions dans le brouillard, mais néanmoins du côté des Anatidés. La taille et le plumage blanc de l’oiseau mystère 88-1, nous amenaient à la première page des descriptions d’oiseaux dans « Le guide Ornitho ».

L’Oie des neiges Anser caerulescens de forme claire ne pouvait être retenue du fait de la présence de noir aux extrémités des rémiges primaires. De plus, nous la trouverions davantage dans un milieu de prairies humides. Il en est de même pour une Oie blanche domestique.

Il restait donc trois espèces de Cygnes à la candidature de l’oiseau mystère 88,1 :

- le Cygne tuberculé Cygnus olor,

- le Cygne Chanteur Cygnus cygnus,

- le Cygne de Bewick Cygnus colombianus.

L’oiseau à droite, sur la photo de l’oiseau mystère 88-1, était un mâle de Cygne tuberculé, reconnaissable au tubercule imposant, surmontant la base de la mandibule supérieure du bec. Ses ailes relevées indiquaient qu’il avait pris une posture d’intimidation.

Cette posture d’intimidation, la différence de taille entre le mâle et la femelle chez le Cygne tuberculé pouvaient laisser penser que l’oiseau mystère 88-1 était une femelle de Cygne tuberculé.

Essayons de voir cela sur une photo.

Digue, lac Amance (Radonvilliers) (10), le 17/03/2013, Daniel Pareuil.

Couple en parade nuptiale, le mâle, à droite, a dressé ses ailes.

La différence de taille entre le mâle et la femelle n’est pas facile à estimer.

Alors que, sur la photo de l’oiseau mystère 88-1, la différence de taille entre les deux oiseaux est plus évidente.

Pour s’en rendre compte, les deux oiseaux de la photo d’oiseaux mystère 88-1 étant dans la même profondeur de champ ou à même hauteur, il suffit de projeter la longueur de l’oiseau de gauche, au niveau de la flottaison, sur celle de l’oiseau de droite.

L’oiseau mystère 88-1 est nettement plus petit que le mâle de Cygne tuberculé, ce n’est donc pas une femelle de Cygne tuberculé.

A noter également la remarque de Catherine Michels concernant la silhouette ou, plus précisément, le positionnement habituel de la queue du Cygne tuberculé. (cf réponse Catherine Michels sur le forum de « l’oiseau mystère 88-1 ».)

Il reste deux candidats : le Cygne chanteur et le Cygne de Bewick.

Le Cygne chanteur ayant la même taille que le Cygne tuberculé, l’oiseau mystère 88-1 est un cygne de Bewick !

A noter que ces trois espèces de Cygnes peuvent être vues sur le site du lac du Der (51) en hiver.

Voyons la solution en photo.

Digue de cloisonnement ou de Crachefer, lac du Der (Larzicourt) (51), le 31/01/2017, Daniel Pareuil.

L’oiseau mystère 88-1 est un Cygne de Bewick Cygnus colombianus adulte.

Sur le terrain, dans un groupe de Cygnes éloignés, la taille peut être un critère pour déterminer un éventuel Cygne de Bewick parmi eux.

La tête des Cygnes de Bewick et chanteur a une silhouette différente de celle du Cygne tuberculé.

Les Cygnes de Bewick et chanteur se différencient par la taille et par la quantité de jaune sur le bec.

Chez le Cygne chanteur, le jaune couvre la mandibule supérieure du bec, depuis la base jusqu’au-dessous de la narine.

Chez le Cygne de Bewick, le jaune couvre la mandibule supérieure du bec, depuis la base, et s’arrête avant la narine.

Ce détail important se voit au télescope ou dans de bonnes conditions d’observation.

Bassin Nord ou base nautique de la presqu’île de Larzicourt, (lac du Der) (Ecollemont) (51), le 16/03/2006, Daniel Pareuil.

Voici un adulte de Cygne chanteur. Noter le jaune descendant sous la narine.

Caron, observatoire lac d’Amance (Radonvilliers) (10), le 15/03/2017, Daniel Pareuil.

Voici un adulte de Cygne de Bewick. Noter le jaune s’arrêtant au-dessus de la narine.

Il existe actuellement deux sous-espèces de Cygne de Bewick :

- La sous-espèce européenne : Cygnus columbianus bewichii. C’est la sous-espèce de « l’oiseau mystère 88-1 » et de « Photos réponses 88-2 ».

- La sous-espèce nord-américaine : Cygnus columbianus columbianus. Elle se distingue de l’européenne par son bec presque entièrement noir. Seule une petite tache près de l’œil est présente.

En France, le Cygne de Bewick est un hivernant rare, localisé et régulier.

C’est, bien sûr, une espèce protégée.

Les lacs champenois et aubois, l’Alsace et la Camargue, sont les sites habituels d’hivernage.

La sous-espèce européenne migre pour rejoindre les sites de nidification situés en Sibérie arctique.

Le nom vernaculaire en différentes langues indique la petite taille de ce Cygne : allemand : Zwergschwan, néerlandais : Klein zwaan, italien : Cigno minore, espagnol :Cisne chico…

Le Cygne de Bewick se nourrit principalement de végétation aquatique. Son cou ne lui permet pas d’atteindre la profondeur de 1m que le Cygne tuberculé atteint. Il peut se nourrir dans les prairies humides et il fréquente moins les cultures que le Cygne chanteur. Il s’alimente de jour comme de nuit.

L’espèce émet des cris ressemblant à des aboiements. Elle est bruyante au décollage et à l’atterrissage. En vol, l’espèce ne crie pas, le battement des ailes est rapide.

Le nid est placé sur un monticule hors neige dans la toundra, c’est un entassement de végétaux faisant 1 m de diamètre et 0,5m de haut. La ponte moyenne est de 2 à 3 œufs. Il faut 45 jours pour que les petits puissent s’envoler.

Le Cygne de Bewick peut se reproduire au bout de 3 à 4 ans. Adultes juvéniles et immatures se retrouvent sur les sites d’hivernage.

Bassin Nord ou base nautique de la presqu’île de Larzicourt, (lac du Der) (Ecollemont) (51), le 23/11/2005, Daniel Pareuil.

Le plumage du juvénile est gris. Le bec est gris rose là où il est jaune, nous l’avons vu, chez l’adulte.

Noter la tête assez forte chez l’espèce.

Plage, Les Granges (lac d’Orient) (Mesnil-St-Père) (10), le 29/01/2011, Daniel Pareuil.

Le plumage de cet immature vire au blanc. Le bec est gris rose, là où il est jaune chez l’adulte.

Bassin Nord ou base nautique de la presqu’île de Larzicourt, (lac du Der) (Ecollemont) (51), le 23/11/2005, Daniel Pareuil.

Le plumage de cet immature n’est pas encore blanc pur, des traces de gris persistent. Mais le bec est devenu jaune, comme chez l’adulte.

Bassin Nord ou base nautique de la presqu’île de Larzicourt, (lac du Der) (Ecollemont) (51), le 23/11/2005, Daniel Pareuil.

La pose ! Et une bonne possibilité de comparer !

Il faut « ranger » le long cou et maintenir le bec sous les plumes pour limiter les déperditions de chaleur.

Digue, lac Amance (Radonvilliers) (10), le 07/03/2013, Daniel Pareuil.

Il va être temps de quitter les sites d’hivernage pour la toundra, entre la presqu’île de Kola et la presqu’île de Taïmyr. Soit environ 3000 à 3500km, en 2 ou 3 escales de 2 à 3 semaines pour refaire les réserves énergétiques.

Une invitation au voyage !

A bientôt et avec plaisir.

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