Photos réponse 83-2.

Fauvette des jardins Sylvia Borin

Lundi 30 mai 2016, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

Merci à Jean-Pierre Jacob et Jean-Jacques Lacroix pour leur réponse.

Cet oiseau mystère était particulièrement difficile du fait de la mauvaise qualité des photos. En contrepartie, je mentionnais un indice majeur :

« Le plus dur étant de trouver les critères d’identification, bien sûr ! Et cela peut être un indice, si on en croit les guides ! »

Ma fidèle relectrice me glissait dans l’oreille : « Tu leur donnes la solution ! »

Bravo à Jean-Pierre qui a bien étudié son guide ornitho !

Les photos nous montraient un oiseau de la taille d’un petit passereau dont les deux couleurs uniformes du plumage sont : le gris brun pour les parties supérieures et blanc sale pour les parties inférieures.

Cela est déconcertant ! A tel point que les guides ornithologiques mentionnent le fait :

- Dans « Le guide ornitho » :

« Aspect neutre. Plum. gris-brun olive sans caractères marquants. »

- Dans le « Peterson » :

« Plumage neutre, sans trait saillant »

- Dans le « Lars Jonsson »

« De un gris ante uniforme, sin rasgos contrastanes. »

Je vous prie de m’excuser, mon « Lars Jonsson » est en Espagnol !

L’absence de caractères marquants, de traits saillants, de « rasgos contrastanes », sont une bonne piste pour identifier l’oiseau.

Sur le terrain, on utilise le chant mélodieux de cet oiseau pour connaître sa présence, encore faut-il ne pas le confondre avec celui, tronqué, de la Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla.

L’oiseau est assez farouche et se tient souvent dans les buissons…

Vous l’aurez compris, il nous faut explorer du côté des Sylviidés, les Fauvettes.

Si de bonnes conditions d’observation se présentent, il existe néanmoins quelques critères à vérifier pour la détermination :

- De chaque côté du cou apparaissent des taches grises chez les adultes.

- L’oiseau présente une « expression douce » avec un œil sombre que rehausse un cercle oculaire blanc.

- Les pattes sont grises.

- Les plumes sous-caudales sont unies.

- Le bec est relativement court.

Les Fauvettes ayant un bec fin et effilé, celui plus court et fort de notre oiseau mystère 83-1, est un élément de détermination.

Au vu de ces critères :

L’oiseau mystère 83-1 est une Fauvette des jardins Sylvia borin.

Voyons la réponse en image.

Les hauts-bois (Suèvres, Mer) (41), le 27/08/2005, Daniel Pareuil.

Certains des critères énoncés plus haut sont visibles sur cette photo : l’expression douce, le bec court, les pattes grises. Nous pouvons y ajouter la silhouette robuste, pour une Fauvette.

La connaissance du jizz de cet oiseau aide à son identification. Mais pour mémoriser ce jizz, il faut observer souvent l’oiseau, ou à défaut consulter l’illustration du guide ornithologique.

Deux espèces peuvent entraîner une confusion avec la Fauvette des jardins.

Ce sont la Fauvette épervière immature Sylvia nisoria et la Fauvette à tête noire femelle ou immature Sylvia atricapilla, lorsque la calotte de la tête est peu contrastée, soit brun olive.

Comment faire la distinction ?

Chez la Fauvette épervière immature :

Fines barres alaires claires, sus-caudales à motif écailleux et sous-caudales barrées, bec plus long.

Chez la Fauvette à tête noire immature ou femelle ayant une calotte de la tête peu contrastée, soit brun olive :

Bec plus long, silhouette plus élancée.

On évitera la confusion avec les juvéniles ou immatures de Fauvette grisette Sylvia communis et Fauvette passerinette Sylvia cantillans en notant l’absence de roux ou de brun chaud sur les ailes.

Le juvénile ou immature de Fauvette babillarde Sylvia curruca ayant un dessus de tête gris plomb et les parties supérieures du plumage brun terreux sombre ne peut être confondu avec celui de la Fauvette des jardins.

Roncier proche de l’orme champêtre mort, les Hauts Bois, St-Marc (Mer) (41), le 05/08/2010, Daniel Pareuil

Ici, les taches grises à l’encolure sont bien visibles ainsi que les autres critères précédemment cités.

Mâle et femelle ont un plumage identique. Il en est de même des juvéniles, mis à part le fait que les taches grises de l’encolure sont peu apparentes.

Haie bordant le chemin menant à l’étang des Langres (Outines) (51), le 01/09/2010, Daniel Pareuil.

Ici, les sous-caudales unies sont bien visibles et ainsi que les autres critères précédemment cités.

Buissons sous l’orme mort, Les Hauts Bois, St-Marc (Mer) (41), le 13/09/2011, Daniel pareuil.

Au bas de la photo, il y a un mâle de Fauvette à tête noire. Idéal pour apprécier le bec relativement court de la Fauvette des jardins, en haut sur la photo.

Tamaris en bord de l’étang de Galabert, vers Beauduc, avant le transformateur (Arles) (13), le 02/05/2007, Daniel Pareuil.

Cet adulte vient de traverser la mer Méditerranée. Il doit se reposer et refaire ses réserves pour pouvoir continuer son chemin, et pas question de chanter !

L’observateur ne peut pas bénéficier du chant pour l’identification. Il doit se débrouiller avec les critères visuels.

La Fauvette des jardins est un grand migrateur. Les quartiers d’hiver sont en Afrique tropicale et centrale. Elle effectue des réserves de graisse importantes pour pouvoir traverser la Mer Méditerranée d’une seule traite.

C’est donc un visiteur d’été, d’avril à septembre, en France. Sa répartition en France ne couvre pas l’hexagone. La Fauvette des jardins est absente des vallées du pourtour méditerranéen et du bassin de la Garonne. Cela correspond aux régions où la température est supérieure en moyenne à 20°C en juillet.

Dans le département du Lot, elle est nicheuse dans le Ségala mais elle peut être rencontrée plus au sud, dans le Limargue et même sur le causse de Gramat.

Personnellement, j’ai observé un chanteur cantonné au plan d’eau du Tumulus (Gramat) (46) en mai, juin 2005 et un autre au lac de Tsonoye (Calès) (46) en avril, mai 2011.

Plan d’eau du Tumulus (Gramat) (46), le 12/09/2005, Daniel Pareuil.

Cet individu est entré dans la phase migratoire, il consomme beaucoup de fruits dans cette période.

Le régime alimentaire est constitué d’insectes, de larves et de petits fruits. Les ronciers remplis de mûres sont un bon endroit pour rencontrer l’espèce.

Orme champêtre mort, les Hauts Bois, St-Marc (Mer) (41), le 29/05/2011, Daniel Pareuil.

Si les couleurs du plumage de la Fauvette des jardins sont « neutres », son chant est très mélodieux et régulier. Il ressemble à celui de la Fauvette à tête noire, mais est moins agressif. Attention au chant de Fauvette à tête noire où il manquerait le dernier « forte », il y aurait risque de confusion avec le chant de la Fauvette des jardins.

Le chant est souvent entendu et l’oiseau introuvable. La Fauvette des jardins chante souvent à couvert dans un buisson.

Mais il y a des exceptions relativement fréquentes, comme le montre la photo ci-dessus.

Verger du bas, St-Marc, (Mer) (41), le 15/05/2011, Daniel Pareuil.

Ayant mis en terre des noyaux de pêches, j’avais protégé l’endroit avec des branchages. Ces derniers ont été envahis par l’herbe haute et le Gaillet gratteron, procurant un site de nidification à la Fauvette des jardins.

Le Gaillet gratteron, bien connu des jardiniers, a ici un rôle très positif.

J’observe avec le télescope à environ 25m. La Fauvette des jardins qui couve est tapie dans le nid, mais son œil, visible, me surveille !

L’espèce niche à faible hauteur (0,5 à 2m).

Verger du bas, St-Marc, (Mer) (41), le 15/05/2011, Daniel Pareuil.

Voilà le résultat, 5 œufs, c’est la moyenne, dans une coupe aux contours parfaitement réguliers et garnie de crins.

Orme champêtre mort, les Hauts Bois, St-Marc (Mer) (41), le 30/05/2011, Daniel Pareuil.

Un dernier coup d’œil, pour le jizz !

Bonnes observations et à bientôt, toujours avec plaisir.

Glossaire :

Sus –caudales et sous-caudales : plumes de couvertures à la base de la queue, couvrant le départ des rectrices. Sus : au-dessus, sous : au-dessous.

Jizz : allure.

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