Photos réponse 81-2.

Alouette des champs {Alauda arvensis}

Mardi 1er mars 2016, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

Réponse très attendue ! Vous vous souvenez : je laissais mijoter, histoire de faire monter un peu d’adrénaline.

Jean-Jacques Lacroix avait proposé une Alouette des champs, remerciant au passage M.L. Vieille dont la réponse l’aurait inspiré, à priori.

M. L. Vieille hésitait encore, n’osant concrétiser probablement, quand nous avons été interrompus… Un long travail attendait Jean-Pierre Jacob pour remettre le site en fonction. Un grand merci à lui !

Le milieu herbeux pouvait orienter les recherches vers les passereaux de steppe, ayant le plumage en homochromie avec les couleurs de leur biotope : Alaudidés (Alouettes), Motacillidés (Pipits, Bergeronnettes) et Turdidés (Traquets, Grives).

Traquets et Grives n’ont pas le plumage des parties supérieures piqueté de brun gris, comme c’est le cas de l’oiseau mystère 81-1.

Seul le juvénile de Bergeronnette printanière peut rappeler un Pipit rousseline, et les Pipits, ayant des becs très fins, ne sont pas à retenir pour la candidature à l’oiseau mystère 81-1.

Il nous reste les Alouettes ! Et les Cochevis !

Regardons à nouveau la photo de l’oiseau mystère 81-1. N’avez-vous pas l’impression que les plumes du dessus de la tête sont prêtes à se dresser comme une huppe ?

S’il s’agissait d’un Cochevis huppé Galerida cristata ou de Thékla Galerida theklae, la huppe non déployée serait plus longue et plus visible.

Attention, tout de même. A certaines périodes de l’année, la huppe peut ne pas être apparente.

De toute façon, le bec du Cochevis huppé est plus long que celui des Alouettes.

L’oiseau mystère 81-1 serait donc une Alouette, mais laquelle !

Plusieurs espèces d’Alouettes ont un bec nettement fort, les Sirlis Chersophilus duponti, Alaemon alaudipes, ont un bec encore plus long que celui du Cochevis huppé, l’Alouette gulgule Alauda gulgula est très exotique (Asie, Moyen –Orient) et les couleurs de plumage des Alouettes haussecol Eremophila alpestris et bilophe Eremophila bilopha ne correspondent pas à celles que présente l’oiseau mystère 81-1.

Nous devons choisir entre l’Alouette lulu Lullula arborea et l’Alouette des champs Alauda arvensis, oiseaux communs dans le département du Lot.

Alouette lulu : bec fin, queue courte, courte projection primaire, rectrices externes brunes, extrémité de la queue blanche, petite tache noire encadrée de blanc sur le bord de l’aile, larges sourcils blanchâtres se rejoignant sur la nuque.

Alouette des champs : bec plus fort, queue longue, longue projection primaire, rectrices externes blanches, extrémité de la queue brun foncé, pas de tache noire encadrée de blanc sur le bord de l’aile, sourcils blanchâtres ne se rejoignant pas sur la nuque.

Tous ces critères ne sont pas forcément visibles ou exploitables sur la photo de l’oiseau mystère 81-1.

Le plus évident étant celui de la longue queue et de la longue projection primaire.

Sur l’aile pliée, on peut estimer la projection primaire, en comparant la longueur de l’extrémité des rémiges primaires, dépassant des rémiges tertiaires, à la longueur de ces dernières. Plus le nombre de ce rapport est élevé, plus la projection primaire est longue.

A noter qu’un piège pouvait induire en erreur. L’oiseau mystère 81-1 semble posséder une nuque blanche rappelant la jonction des deux sourcils blancs sur la nuque d’une alouette Lulu. Il s’agit d’un éclat de lumière sur la nuque, peu piquetée de brun, de l’oiseau.

Bravo Jean-Jacques et merci à M. L. Vieille.

L’oiseau mystère 81-1 est une Alouette des Champs Alauda arvensis.

Il chante, c’est donc un mâle adulte.

Pour l’Alouette lulu, vous pouvez revoir l’oiseau mystère 21-1 et Photos réponse 21-2 dont voici les liens :

http://lotnature.fr/botanique/spip.php?article1242

http://lotnature.fr/botanique/spip.php?article1248

Je vous propose ce petit clip vidéo pour la réponse :

Lac de Magès (Rocamadour) (46), le 08/06/2015, Daniel Pareuil.

En prêtant l’oreille, vous pourrez entendre son chant. L’Alouette des champs chante souvent en vol, mais également sur un poteau de clôture et au sol.

L’oiseau tourne la tête et ainsi, vous pouvez voir la nuque, et que les sourcils blanchâtres ne s’y rejoignent pas.

Je sais que l’oiseau n’est pas très loin de la route et les nids au sol sont proches.

Chaque année, je frémis en voyant des voitures garées sur cette pelouse sèche.

Hormis les vols de parade et ceux de migration, l’espèce vit au sol. C’est un marcheur, comme l’indique son ongle postérieur peu arqué.

Son nid construit est installé dans une petite dépression du sol, caché par une touffe d’herbe ou un petit buisson, pas très loin d’un espace d’herbes rases, car en effet, elle marche pour accéder au nid. Ce qui explique aussi que celui-ci puisse être proche d’un chemin, d’un bord de route, où souvent l’herbe est rase.

Le vol de parade est une petite merveille. Ascension quasi verticale pouvant atteindre quelques centaines de mètres, accompagnée d’un chant puissant, captivant et prolongé. La descente est spectaculaire, c’est une chute ailes fermées, stoppée à moins d’un mètre du sol avec une arrivée en douceur. J’affectionne particulièrement cet instant d’observation à la lunette télescopique.

Comme vous l’avez remarqué en visionnant le clip vidéo, l’Alouette des champs chante également au sol, mais plus brièvement.

Dunes de Dragey (Genets) (50), le 25/06/2005, Daniel Pareuil.

Elle peut chanter également à partir d’un piquet !

Où est passé la deuxième patte ? Nous ne sommes pas loin de la mer où il y a toujours un peu de vent. Est-ce pour tenir au vent qu’elle se tient sur une patte, comme le font les limicoles ? Je ne sais pas.

En tout cas, cette photo nous permet d’estimer les tailles de la queue, plutôt longue, et de la huppe, plutôt courte.

. Fond de baie, réserve ornithologique (Goulven) (29), le 21/06/2005, Daniel Pareuil.

Regardez bien la huppe de cet Alouette des champs.

Fond de baie, réserve ornithologique (Goulven) (29), le 21/06/2005, Daniel Pareuil.

Le même oiseau, quelques instants après. La huppe est rabattue et peu visible.

La huppe est érigée lors des parades nuptiales et en cas d’inquiétude. Ici c’est pour cette dernière raison.

Sur ces deux dernières photos, l’oiseau ayant le bec fermé, nous constatons que celui-ci est nettement plus gros que celui d’un Pipit par exemple.

L’Alouette des champs est un oiseau des steppes. En France, les steppes sont rares et, de ce fait, elle a adopté les cultures agricoles des hommes, qui rappellent les milieux ouverts.

L’hiver, on peut observer des groupes d’Alouettes des champs dans les labours où elles se déplacent à pattes fléchies, le corps proche du sol, s’aplatissant au moindre danger.

En tant qu’oiseau des steppes, l’Alouette des champs ne se baigne pas dans l’eau, mais dans la poussière !

Le régime alimentaire varie selon les saisons. En automne et en hiver, il se compose de graines et de jeunes pousses. Au printemps et en été, ce sont des insectes, des araignées, des mollusques, des vers de terre…

Bord de plage, au pied de la jetée du Clipon (Loom-Plage / Dunkerque) (59), le 28/12/2009, Daniel Pareuil.

Un possible oiseau hivernant. En effet, les populations d’Alouettes des champs des pays du nord de l’Europe hivernent sur le littoral français.

L’espèce peut être migratrice ou sédentaire. Les Alouettes des champs ayant niché dans les zones montagneuses quittent les lieux à l’approche de l’hiver. C’est le cas de celles qui nichent dans la pelouse sèche de Magès (Rocamadour) (46). Pourtant l’altitude n’y est que d’environ 300m.

L’espèce n’est pas abondante dans le département du Lot. Cela est normal pour certaines zones boisées mais ne l’est pas pour les causses. La diminution des troupeaux de brebis entraînant un moindre pâturage, accélère le boisement des causses, donc la fermeture progressive du milieu.

Malheureusement, l’espèce est toujours chassable.

En France, l’Alouette des champs a le statut de nicheur, migrateur, hivernant, commun.

Le dernier atlas des oiseaux de France métropolitaine la signale en déclin modéré.

A bientôt, et avec plaisir pour un nouvel oiseau mystère.

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