Photos réponse 79-2.

Epervier d’Europe Accipiter nisus

Jeudi 10 septembre 2015, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

Merci à J.J. Lacroix et M.L. Vieille pour leurs réponses. La poitrine barrée de l’oiseau mystère 79-1 a orienté leur choix.

Il existe peu de rapaces qui ont la poitrine barrée (motifs plus ou moins continus suivant une horizontale) : Le Circaète-Jean-le-Blanc Circaetus gallicus, L’Epervier d’Europe Accipiter nisus quelques soient le sexe et l’âge, l’Autour des palombes Accipiter gentilis adulte, L’Epervier à pieds courts Accipiter brevipes adulte.

Cherchons quelques indices sur la photo de l’oiseau mystère 79-1 qui, procédant au toilettage de son plumage, complique son identification.

La forme de la tête, la taille et la couleur des pattes éliminent le Circaète-Jean-le-blanc.

La taille des pattes n’est pas celle d’un Autour des palombes, rapace très puissant.

Les motifs bruns barrant la poitrine sont discontinus. Ceci est important.

En effet, chez les adultes des espèces précédemment citées, ces motifs sont continus. Nous avons donc affaire à un juvénile.

Le juvénile de l’Autour des palombes, n’étant pas barré à la poitrine mais rayé (motifs suivant une ligne verticale) et le juvénile d’Epervier à pieds courts, ayant la poitrine barrée et les flancs rayés, ne peuvent être l’oiseau mystère 79-1.

L’oiseau mystère 79-1 est un juvénile d’Epervier d’Europe Accipiter nisus.

La couleur jaune pâle de l’iris de l’œil correspond à un juvénile d’Accipitriné et dans ce cas présent, à un d’Epervier d’Europe.

Chez la femelle, cet iris est jaune d’or, chez le mâle, il est jaune orangé.

Voyons en photos la réponse à « l’oiseau mystère 79-1 ».

Les Hauts Bois, St-Marc (Mer) (41), le 10/08/2005, Daniel Pareuil.

Je suis très proche de lui et, utilisant la digiscopie (fort grossissement), je ne peux éviter le vignetage (cadre noir en périphérie de photo) si je cadre l’oiseau dans sa totalité.

Les motifs discontinus barrant la poitrine sont bien visibles ainsi que l’iris jaune pâle de l’œil.

Les Hauts Bois, St-Marc (Mer) (41), le 10/08/2005, Daniel Pareuil.

Toujours ce même juvénile, pour apprécier les détails.

Maintenant, voyons les adultes.

La Bontat (Gramat) (46), le 06/02/2009, Daniel Pareuil.

Le mâle adulte est relativement facile à identifier avec le plumage gris ardoise des parties supérieures, son iris jaune orangé et sa poitrine barrée de motifs continus rouge brique.

La femelle adulte est plus difficile à différencier du juvénile et de l’Autour des Palombes.

Néanmoins, quelques critères : la taille, les couleurs brun gris des parties supérieures du plumage et l’iris jaune d’or de l’œil sont à retenir.

La taille de la femelle d’Epervier d’Europe est plus importante que celle du mâle et lui procure une silhouette plus massive. Ceci peut engendrer la confusion avec L’Autour des palombes.

Le mâle et le juvénile d’Epervier d’Europe sont de la taille d’un Faucon crécerelle Falco tinnunculus.

En vol, l’extrémité de ses ailes étant arrondies, l’Epervier d’Europe est assez facile à distinguer des Faucons.

En dehors de ses périodes de chasse, le vol de l’Epervier est typique : Deux petits coups d’ailes, un plané, deux petits coups d’ailes, un plané…

C’est un oiseau forestier ; ses ailes arrondies lui permettent d’être très manœuvrant dans les sous-bois. Néanmoins, ses zones de chasse sont plutôt bocagères.

C’est un ornithophage, son régime alimentaire est constitué en majorité de petits passereaux. La femelle peut prédater des proies de la taille d’un Pigeon Columba s.p.

L’Epervier d’Europe est un prédateur redoutable pour les petits oiseaux, mais toutes les études faites à ce sujet montrent qu’il se nourrit des proies les plus abondantes. Sa densité-même limite son influence.

Les traces de sa prédation sont visibles par des plumées caractéristiques. Ce sera par exemple, un cercle de plumes autour d’une taupinière au milieu d’un chemin. La terminaison cylindrique de la plume faisant suite au rachis qui porte les barbes : le calamus, n’est pas coupé mais simplement pincé. La plume a été arrachée. Pour retirer les plumes d’un oiseau, le mammifère coupe le calamus.

Lorsqu’il chasse, il peut effectuer de longs planés en rase-mottes, épousant parfaitement les obstacles, rochers, haies…pour surprendre ses proies.

J’ai pu observer un individu qui survolait un fossé longeant une route, dans le but d’attraper un Merle noir Turdus merula à la recherche de vers de terre. Sa trajectoire de vol se situait en dessous du niveau de la route et s’effectuait sur environ 100m. Impressionnant ! La proie surprise a peu de chance d’échapper.

Autre observation, celle d’un juvénile d’Epervier d’Europe pourchassant un Rougegorge familier Erithacus rubecula adulte dans une haie, en sous-bois. Le petit passereau, à l’intérieur de la haie, passait d’un côté à l’autre, le rapace suivait par l’extérieur, effectuant de courts vols très rapides. Cela a duré 20 minutes. L’Epervier d’Europe a finalement abandonné, venant se brancher à quelques mètres de ma voiture.

Les Hauts Bois (Mer) (41), le 30/08/2008, Daniel Pareuil.

Ici, ce sont trois Pies bavardes Pica pica, dont une seule est visible sur la photo, houspillant un Epervier d’Europe juvénile, dans le but de le faire déguerpir.

Les Hauts Bois (Mer) (41), le 30/08/2008, Daniel Pareuil.

Il se tient sur ses gardes mais devra abandonner la partie et quitter les lieux.

L’Epervier d’Europe s’approche des maisons, surtout l’hiver, là où est pratiqué le nourrissage des oiseaux. En fait, c’est le rassemblement d’oiseaux qui l’intéresse. Il se postera très discrètement à distance, observera et jaillira brusquement au moment opportun.

Ainsi, il lui arrive de percuter les vitres dans sa tentative de capture.

Il est bon de garder un buisson épais proche des mangeoires, abreuvoirs et baignoires à oiseaux. Les petits passereaux pourront y trouver refuge. Le buisson doit être épais et profond car l’Epervier d’Europe est pourvu de longues pattes armées de serres très efficaces. Ce buisson ne doit pas servir d’affût pour un chat.

Les Hauts Bois (Mer) (41), le 24/08/2011, Daniel Pareuil.

Mâle ou femelle ? Ce n’est pas facile, la lumière matinale n’est pas suffisante.

Les parties supérieures du plumage sont plutôt grises, il s’agit donc d’un adulte. L’iris de l’œil ne semble pas jaune orangé, ce qui orienterait vers une femelle mais les motifs barrant la poitrine tendent vers le rouge brique, et laissent penser qu’il s’agit d’un mâle.

La nidification s’effectue en sous-bois avec une ouverture vers ses terrains de chasse.

La parade nuptiale en vol commence vers la mi-mars. Elle est l’occasion d’ascensions en spirale, de fulgurants piqués et de cris.

Le nid est construit par le couple dans un arbre d’un massif boisé ou bosquet à 6 à 12 mètres de hauteur.

Le nombre d’œufs pondus seraient de 3 à 6.

L’espèce peut être sédentaire ou migratrice. En France, son statut est le suivant : nicheur, migrateur et hivernant commun.

Lac de Magès (Rocamadour)(46), le 29/06/2015, Daniel Pareuil.

Il faisait très chaud, ce mâle a osé venir boire, malgré ma présence.

Lac de Magès (Rocamadour)(46), le 30/06/2015, Daniel Pareuil.

Le lendemain, à peu près à la même heure, il était à nouveau présent…

MPEG - 4.6 Mo

Lac de Magès (Rocamadour) (46), le 30/06/2015, Daniel Pareuil.

…Et se baignait longuement !

Noter les plumes blanches de la nuque.

Moment inoubliable, que je vous souhaite de vivre. Pas d’affût : simplement un peu de patience, et aucun mouvement !

A bientôt et toujours avec plaisir.

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2 Messages de forum

  • Photos réponse 79-2. 11 septembre 2015 14:57, par VIEILLE M-Louise

    Merci à M. Pareuil pour ses explications et très belles photos qui, je l’espère, me permettront de reconnaître l’épervier d’Europe dans la nature.
    M-L Vieille

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  • Photos réponse 79-2. 16 septembre 2015 10:06, par Jean-Jacques Lacroix

    Merci Daniel pour cet article, bravo pour cette belle rencontre (à mon avis les oiseaux doivent commencer à te connaître ! ) et pour cette superbe vidéo.
    A bientôt jjL

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