Photos réponse 78-2.

Rousserolle turdoïde Acrocephalus arundinaceus

Vendredi 26 juin 2015, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

Tout d’abord, merci à M.L. Vieille pour sa persévérance. Le sujet n’était pas des plus faciles, particulièrement lorsque qu’il est réduit à un clip vidéo.

Il fallait noter, dans un premier temps, le milieu où évoluait l’oiseau mystère 78-1 : la roselière. Le vent, les fameuses « Entrées maritimes » très présentes en Camargue, agite les roseaux (Phragmites) et crée un fond d’image flou. L’oiseau mystère 78-1 est accroché dans la partie haute d’un de ces phragmites, chante allègrement et disparait du champ de vision ou de votre écran.

Sachant qu’à la date du 25 mai 2015, le gros de la migration est passé, le milieu « roselière » nous oriente vers les Fauvettes aquatiques qui font partie des Sylviidés.

La silhouette, la forme de la queue, la couleur des parties supérieures du plumage de ces Fauvettes aquatiques, comparées avec ceux de l’oiseau mystère 78-1, nous permettent d’en éliminer un certain nombre :

-  Locustella (Locustelles s.p.) : plus rondouillardes, forme typique de la queue, motifs sous la queue.

-  Hippolais (Hypolaïs s.p.) : fréquentent les milieux humides mais pas les roselières. Silhouette moins allongée. Couleurs des parties supérieures du plumage allant du jaune au gris. Pour deux espèces, Hypolaïs obscure Hippolais opaca et Hypolaïs bottée Hippolais caligata, cette couleur est brun et il y a risque de confusion avec la Rousserolle effarvatte Acrocephalus scirpaceus (nous parlerons de cette dernière par la suite).

-  Acrocephalus (Phragmites des joncs et aquatique Acrocephalus schoenobaenus et paludicola, Lusciniole à moustaches Acrocephalus melanopogon, Cisticole des joncs Cisticola juncidis, Bouscarle de Cetti Cettia cetti, Rousserolle s.p. Acrocephalus s.p.) :

Passons en revue les Acrocephalus :

Pour : Phragmites des joncs et aquatique, Lusciniole à moustaches : la silhouette est moins allongée et il existe des motifs noirs dans les parties supérieures du plumage.

Pour : Cisticole des joncs : la silhouette est celle d’un très petit oiseau au dos strié.

Pour : Bouscarle de Cetti : l’oiseau a souvent la queue relevée, de ce fait, la silhouette est différente ; les parties supérieures du plumage sont plus rousses. Le milieu de vie est davantage arbustif.

Pour : Rousserolle s.p. : c’est la silhouette qui correspond le mieux à l’oiseau mystère 78-1.

Ouvrons notre guide ornitho aux pages des Rousserolles.

Leur silhouette est allongée, le plumage des parties supérieures est brun, celui des parties inférieures est blanc beigeâtre.

En dehors des chants et des cris, de petits détails les différencient et il faut les rechercher :

- Présence ou non d’un sourcil. La longueur de ce dernier dépasse-t-il l’œil ?

- Couleur du bec au niveau de chaque mandibule, surtout aux extrémités. Epaisseur du bec.

- Longueur de la projection primaire.

- Présence de pointes pâles en bout de primaires (ailes fermées).

- Nuances dans le brun des parties supérieures du plumage ou dans le blanc beigeâtre des parties inférieures du plumage.

- Taille de l’oiseau.

- Milieu où évolue l’oiseau.

Voici une photo issue d’une capture d’écran du clip vidéo de « Photo d’oiseau mystère 78-1 ».

Nous pouvons noter la présence de quelques détails dont la combinaison est propre à l’espèce.

- A) Un sourcil bien marqué blanc beigeâtre dépassant l’œil.

- B) Un bec assez épais dont la mandibule inférieure rose chair possède, en extrémité, une tache noire.

- C) Une projection primaire assez longue. Sur l’aile pliée, faire le rapport entre deux longueurs, celle de la partie des rémiges primaires qui dépasse des rémiges tertiaires et celle des rémiges tertiaires. Ici le rapport P/T=1, la projection primaire est assez longue. Dans le cas de la Rousserolle isabelle Acrocephalus agricola, par exemple, ce rapport P/T pourrait être de 0,5, la projection primaire serait courte.

- Un plumage uni gris brun chaud.

- Des pattes couleur sombre.

La combinaison des trois premiers détails A, B, C, est suffisante pour nous orienter vers une seule espèce : La Rousserolle turdoïde Acrocephalus arundinaceus.

L’oiseau mystère 78-1 est une Rousserolle turdoïde Acrocephalus arundinaceus.

Quelques éléments complémentaires :

Les Rousserolles verderolle Acrocephalus palustris et des buissons Acrocephalus dumetorum fréquentent des milieux humides différents des roselières. Elles possèdent une combinaison de détails qui est propre à chacune d’elles.

Les Rousserolles effarvatte, isabelle et turdoïde, en période de nidification, fréquentent les roselières.

Les Rousserolles du Moyen-Orient : Rousserolle stentor Acrocephalus stentoreus (sédentaire), Rousserolle d’Irak Acrocephalus griseldis, Rousserolle à gros bec Acrocephalus aedon (sud Sibérie et Inde), sont rarissimes en Europe. Elles possèdent une combinaison de détails qui est propre à chacune d’elles.

La Rousserolle isabelle est une migratrice occasionnelle en France. Les parties supérieures de son plumage tendent vers le roux, son sourcil très marqué dépasse largement l’œil, sa projection primaire est courte.

Il existe une très nette différence de taille entre la Rousserolle effarvatte et la Rousserolle turdoïde. Le bec de la Rousserolle effarvatte est très mince.

Généralement, la Rousserolle turdoïde chante en haut des roseaux alors que la Rousserolle effarvatte chante en bas.

Le chant de la Rousserolle turdoïde est plus puissant que celui de l’effarvatte et possède des sonorités « cra…cra » très caractéristiques.

Voyons la réponse avec un clip vidéo où le chant est complet.

MPEG - 8.7 Mo

En allant vers la digue à la mer, Amphise, Camargue (Arles) (13), le 29/05/2015, Daniel Pareuil.

Ecoutez les sonorités rugueuses rendant l’identification très aisée.

En fait, sur le terrain, la Rousserolle turdoïde est assez facile à identifier de par sa taille, son comportement et son chant.

En France la Rousserolle turdoïde est une nicheuse et migratrice peu commune.

Il y a dix ou quinze ans, déjà, la régression de l’espèce inquiétait le monde ornithologique. Actuellement, la répartition de l’espèce est confinée à certaines régions. Dans le département du Lot, personnellement, je ne l’ai pas trouvée, il est vrai que les roselières y sont rares. Ailleurs, où la Rousserolle turdoïde s’est maintenue, elle est, peut-être, davantage présente.

C’est probablement la raréfaction des roselières et la disparition des gros insectes qui sont à l’origine de cette régression.

Voyons quelques photos.

Roubine, vers le Mas d’Agon, Camargue (Arles) (13), le 27/05/2005, Daniel Pareuil.

Ce mâle chante dans un arbuste dénudé, implanté dans une roubine, qui est un gros drain ou fossé d’un mètre de large environ, couvert de roseaux.

Le mâle, la femelle et même les juvéniles ne peuvent se différencier visuellement sur le terrain.

Je mentionne « un mâle », du fait qu’il émet un chant.

Roselière du Planas, Pujaut (Arles) (30), le 02/05/2006, Daniel Pareuil.

En pleine roselière.

Le nid est une corbeille de végétaux tressés humides, et accroché aux roseaux.

La construction du nid ne peut se faire que si la roselière est en eau.

L’espèce est moins parasitée par le Coucou gris Cuculus canorus que la Rousserolle effarvatte.

Le héron pourpré Ardea purpurea et le Blongios nain Ixobrychus minutus qui nichent dans les roselières sont des prédateurs des Rousserolles.

Marais du Verdier, nord Sambuc, Camargue (Arles) (13), le 30/04/2007, Daniel Pareuil.

De face. Notez la forme de la queue, typique des Rousserolles. Ces oiseaux sont très agiles pour grimper le long des roseaux avec, parfois, la tête en bas.

Marais du Verdier, nord Sambuc, Camargue (Arles) (13), le 30/04/2007, Daniel Pareuil.

Il s’agit du même individu, de dos cette fois !

Le rapport P/T de la projection primaire est relativement facile à évaluer dans cette position.

L’espèce se nourrit d’insectes principalement, mais consomme à l’occasion, des baies de sureau.

Observatoire du lac d’Orient (Piney) (10), le 25/05/2012, Daniel Pareuil.

Notez le bec épais.

Cet individu, qui est prêt à chanter, se tient dans un arbuste, mais la roselière, de petite taille, se trouve juste en dessous.

La migration post-nuptiale, en août et septembre, est très discrète. Les Rousserolles turdoïdes nichant en France, hivernent en Afrique centrale et du sud.

En espérant vous avoir aidés à mieux découvrir la Rousserolle turdoïde, je vous dis à bientôt, pour une nouvelle découverte d’oiseau mystère.

Toujours avec plaisir.

Répondre à cet article