Photos réponse 77-2.

Pingouin torda Alca torda

Lundi 20 avril 2015, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

Sujet difficile, mais réponses pertinentes. Bravo et merci à M.L. Vieille, MME Clamens et Wilfried.

Les quelques commentaires qui accompagnaient les photos, en particulier celui-ci : «  Un vol rapide au-dessus de l’eau », orientaient vers les oiseaux pélagiques*, et plus précisément vers la famille des Alcidés.

J’aurais dû préciser : « à ras de l’eau ».

Le Fou de Bassan Morus bassanus de la famille des Sulidés, en plumage immature (oiseau de deux ans) a été proposé.

Cet oiseau possède une grande envergure et plonge à la verticale, les ailes en arrière. Sa silhouette, au moment de la pénétration dans l’eau, rappelle une flèche.

Ce n’est pas le cas de l’oiseau mystère 77-1, dont l’envergure est moindre, et qui, à partir de l’eau, bascule et ouvre ses ailes.

Cette technique du plongeon par basculement, ailes ouvertes, est caractéristique des Alcidés.

Certaines Macreuses Melanita s.p. le pratiquent, mais leur plumage est en grande partie d’une couleur allant du noir au brun.

Il nous faut donc rechercher, parmi les Alcidés, l’espèce qui correspond à l’oiseau mystère 77-1.

Le Macareux moine Fratercula arctica et le Guillemot à miroir Cepphus grylle ont des pattes de couleur rouge. Aucun des deux ne peut être retenu comme étant l’espèce de l’oiseau mystère 77-1 qui a les pattes de couleur noire.

Le Mergule nain Alle alle, le Guillemot de Troïl Uria aalge et le Guillemot de Brünnich Uria lomvia ont tous les trois une queue relativement courte au regard de celle de l’oiseau mystère 77-1. Regardons la deuxième photo, cela est visible sur l’oiseau de droite, le moins immergé des deux. Sur l’oiseau de gauche, cela est moins évident, car l’oiseau ramène fortement en arrière les ailes qui émergent de l’eau, ce qui fausse la comparaison queue/ailes.

A noter que le Mergule nain est le plus petit de la famille.

Dernière espèce possible : le Pingouin torda Alca torda.

La queue est plus longue que chez les autres espèces de la même famille. Le contraste entre le blanc et le noir du plumage est net.

L’oiseau mystère 77-1 est un Pingouin torda Alca torda.

Le voici, il a refait surface.

Le Petit Traict, à marée haute, Pointe de Pen Bron (La Turballe) (44).

Nous pouvons remarquer son bec particulièrement fort. Néanmoins, il n’est pas aussi fort que celui d’un adulte. Le trait blanc traversant verticalement l’extrémité du bec, caractéristique de l’espèce, n’apparaît pas. Cela montre l’immaturité (premier hiver) de notre oiseau mystère 77-1.

Sur cette photo, nous pouvons mieux apprécier la longueur de la queue par rapport aux extrémités des ailes. En effet, l’extrémité de l’une des ailes remonte légèrement et se désolidarise du corps. Nous voyons ainsi que les extrémités d’ailes (rémiges primaires*) sont plus courtes que la queue. Ce n’est pas le cas des autres Alcidés.

Un fin trait blanc borde les rémiges tertiaires*.

L’espèce en plumage nuptial est très contrastée. Noir de jais, du bec à la queue, pour les parties supérieures du plumage, et blanc pur pour les inférieures. Seuls les traits blancs sur le bec, le trait loral* et le trait bordant les rémiges tertiaires viennent décorer finement cette tenue très stricte.

L’adulte en plumage internuptial ressemble à l’immature premier hiver. Les différences se situent au niveau du bec, qui est davantage massif et traversé verticalement, en extrémité, d’un trait blanc. Également, de chaque côté du croupion*, le noir des parties supérieures du plumage descend davantage. Il n’apparaît pas autour de l’aile fermée, comme cela est visible sur cette photo d’immature premier hiver.

A noter que sur la deuxième photo de l’oiseau mystère 77-1, ce détail est visible sur l’oiseau de gauche, le plus immergé.

Le Petit Traict, à marée haute, Pointe de Pen Bron (La Turballe) (44).

Le même immature premier hiver en plus gros plan. L’oiseau est davantage immergé et certains éléments du plumage sont moins visibles. Par contre, on peut y voir l’amorce du trait loral* blanc.

Ces oiseaux qui plongent et se déplacent sous l’eau ont les pattes très en arrière du corps. Sous l’eau, ailes ouvertes, ils « volent », et se dirigent avec leurs pattes.

Hormis la période de nidification, l’espèce vit en mer et se déplace au ras de la surface de l’eau, souvent en ligne, les uns derrière les autres.

Dans ces conditions, en vol, le Pingouin torda n’est pas facile à distinguer des autres Alcidés, et particulièrement du Guillemot de Troïl avec lequel il se déplace parfois.

Quelques éléments pour les différencier en vol :

Le Pingouin torda est plus noir que le Guillemot de Troïl.

Chez le Pingouin torda, la queue est plus longue que chez le Guillemot de Troïl. Les pattes, repliées en arrière, ne dépassent pas de la queue, contrairement aux Guillemots de Troïl de Brünnich. Cela donne à ceux-ci une silhouette plus allongée et effilée.

Vers avril, l’espèce rejoint la terre pour nicher. Dans le grand Nord, ce sera un peu plus tard, en mai. La nidification s’effectue en colonie, sur des falaises abruptes, en compagnie des Guillemots.

Un œuf unique est pondu. Deux semaines après l’éclosion, les jeunes tout juste emplumés se jettent dans le vide avec un parent, pour rejoindre l’eau. Ils resteront au pied du site de nidification jusqu’en août, et de là, commenceront leur vie en haute mer.

Ils hivernent en Mer du Nord, Mer Baltique, Océan Atlantique, jusqu’aux côtes marocaines, et même en Mer Méditerranée.

Sur le littoral français, leur observation est ainsi possible durant l’hiver.

Mais il est possible également de les observer en période de nidification, en France, sur les sites des « Sept Iles » et du « Cap Fréhel », dans les Côtes d’Armor en Bretagne.

L’espèce possède en France le statut de : migrateur commun, hivernant peu commun et nicheur très rare. Mais son avenir y est menacé.

Je viens d’apprendre que l’extraction de sable coquillier * avait été autorisée en baie de Lannion. Après les marées noires qui ont décimé, entre autres, la colonie nicheuse française de Pingouin torda, l’extraction de sable risque d’atteindre la ressource alimentaire de l’espèce, constituée de petits poissons et coquillages sur ces hauts fonds sableux.

A bientôt et avec plaisir.

Glossaire :

Oiseaux pélagiques* : oiseaux de haute mer.

Croupion* : bas du dos.

Trait loral* : trait situé entre le bec et l’œil de l’oiseau.

Rémiges primaires* : plumes de l’aile servant au vol, accrochées à la main.

Rémiges tertiaires* : plumes de l’aile servant au vol, accrochées au bras et situées au plus près du corps. Entre les primaires et les tertiaires se trouvent les secondaires.

Sable coquillier* : sable constitué de débris de coquillages. Il est très recherché actuellement.

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