Photos réponse 75-2.

Accenteur mouchet Prunella modularis

Lundi 2 février 2015, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

Belle unanimité dans les réponses ! L’Accenteur mouchet semble bien connu de J.J. Lacroix, M.L. Vieille et Wilfried, que je remercie pour leurs brillantes réponses.

La tranche d’âge de ces deux oiseaux de la même espèce, photographiés au même lieu, à la même saison, était plus difficile à déterminer.

Mais tout d’abord, essayons de voir ce que nous pouvons envisager comme réponse à « l’oiseau mystère 75-1 ».

La végétation environnante nous situe sa taille parmi celles des petits passereaux.

Au sol…dans les herbes… Il nous vient à l’esprit, Alouette s.p. ou Pipit s.p. ou Moineau s.p., mais les familles Alaudidés ou Motacillidés ou Passéridés présentent, chez la plupart des espèces, un plumage clair pour les parties inférieures. Le plumage plutôt sombre, dans son ensemble, de « l’oiseau mystère 75-1 », écarte cette solution.

« L’oiseau mystère 75-1 » n’a pas les moustaches, ou plus précisément l’espace sous-mustacien, caractéristique des Embérizidés (Bruants).

Dans la famille des Sylviidés, qui ont le bec fin comme celui de « l’oiseau mystère 75-1 », on trouve la Locustelle tachetée Locustella maevia. Celle-ci est connue pour se faufiler dans les herbes (plutôt hautes). Mais l’absence de gris dans le plumage écarte cette espèce.

Par contre, chez les Prunellidés (Accenteurs), deux candidats sont des prétendants sérieux :

L’Accenteur alpin Prunella collaris et l’Accenteur mouchet Prunella modularis.

L’Accenteur alpin se distingue de l’Accenteur mouchet par des stries brun roux sur le ventre, deux nettes barres alaires* blanches, des couvertures* sombres en bord d’aile fermée, la base jaune de la mandibule inférieure* du bec, l’extrémité blanche de la queue, la couleur jaune des pattes.

Hormis un peu de jaune aux commissures* du bec, « l’oiseau mystère 75-1 » ne possède pas ces éléments. C’est un :

Accenteur mouchet Prunella modularis.

Voyons les photos réponse qui permettront d’apprécier l’âge des deux oiseaux.

La première photo (ou photo du haut) :

Les Hauts Bois, St-Marc (Mer) (41), le 11/08/2008, Daniel Pareuil.

Comme cela a été noté, les plumes de l’oiseau semblent duveteuses et les rectrices* de la queue sont absentes. Sur la photo ci-dessus, nous voyons plus nettement les commissures* jaunes du bec qui indiquent un jeune oiseau. Cet oiseau a un plumage en évolution. Les couvertures* duveteuses, la queue peu développée, le motif des parotiques* peu apparent, quelques taches noires dans le gris du cou, suggèrent que ce juvénile a quitté le stade de poussin depuis peu.

Il est vrai que les plumes des couvertures* soulevées par le vent paraissent duveteuses, que l’absence des rectrices* peut être due à un prédateur ou encore à la mue post-nuptiale d’un adulte, mais les commissures* jaunes lèvent le doute.

La date d’observation correspond à une période de fin de reproduction.

Les Hauts Bois, St-Marc (Mer) (41), le 11/08/2008, Daniel Pareuil.

Pour confirmer l’aspect duveteux.

Les Hauts Bois, St-Marc (Mer) (41), le 11/08/2008, Daniel Pareuil.

Pour confirmer l’absence de queue.

La seconde photo (ou photo du bas) :

Les Hauts Bois, St-Marc (Mer) (41), le 08/08/2010, Daniel Pareuil.

Les critères du plumage juvénile sont plus apparents.

Points noirs sur le gris du cou, qui ont été notés avec pertinence, motif des parotiques* peu marqué, stries (suites de points) noires sur le ventre particulièrement épaisses et marquées, traces de commissures* jaunes au bec.

A noter que les commissures* jaunes du bec ne doivent pas être confondues avec la base jaune de la mandibule inférieure* du bec de l’Accenteur alpin.

Les Hauts Bois, St-Marc (Mer) (41), le 08/08/2010, Daniel Pareuil.

Sur cette photo, l’oiseau est de dos et l’on peut apprécier davantage les stries ou points noirs du dos et du cou.

Les deux photos de « l’oiseau mystère 75-1 » présentaient toutes deux des juvéniles d’Accenteur mouchet. La première photo, ou photo du haut, montrait un oiseau plus jeune que celui de la deuxième photo, ou photo du bas.

Dans ce même lieu, au pied d’une haie, en 2008 et en 2010, l’Accenteur mouchet s’est reproduit.

Je vous invite à regarder avec attention les photos de l’adulte pour mieux cerner les différences avec le juvénile.

La Bontat (Gramat) (46), le 14/03/2010, Daniel Pareuil.

La photo est légèrement surexposée. Néanmoins, nous pouvons noter que le bec est entièrement sombre, le cou est gris sans taches noires, le motif parotique* est bien marqué, les stries sur les flancs sont plus fines. Une légère barre alaire* (suite de points blancs) est esquissée sur l’aile fermée, l’extrémité de la queue n’est pas blanche. Le gris est la couleur de fond du plumage et les parties supérieures sont rayées de brun. Le dessus de la tête est finement rayé de brun.

Mâle et femelle ont le même plumage.

Le Canyon (Minerve) (34), le 17/03/2005, Daniel Pareuil.

Adulte. Notez les pattes rouges.

Le gris de fond du plumage chez cet adulte masque les stries noires, d’où l’aspect assez sombre de l’oiseau.

IL est en homochromie avec le milieu qu’il fréquente.

Malgré qu’il soit très commun, il passe assez facilement inaperçu. L’Accenteur mouchet est d’ailleurs très discret, il apprécie les broussailles et les haies. Il est présent dans beaucoup de jardins, sans que les propriétaires l’aient remarqué. Ils peuvent aussi le confondre avec un Moineau domestique Passer domesticus.

Discret, à tel point qu’il se déplace pattes repliées, comme vous pouvez le voir sur la photo suivante.

La Bontat (Gramat) (46), le 24/02/2008, Daniel Pareuil.

Un adulte ventre à terre, sous la mangeoire, de préférence quand l’espace est libre.

Il est vrai que c’est un oiseau curieux.

Comme les fringillidés (Pinsons…) il consomme des graines, possède un jabot et ramasse des petits cailloux pour broyer les graines. Généralement, les granivores ont un bec assez fort. Lui, il a le bec fin des insectivores comme les sylviidés (Fauvettes) et il se déplace comme eux dans les buissons. D’ailleurs, il consomme également des insectes !

Petit détail : si le bec est fin, il est néanmoins large à la base.

Tout cela explique que les Accenteurs soient regroupés en une seule famille, les Prunellidés, qui existe uniquement pour eux.

Son comportement social et reproducteur est complexe. Il existe des couples monogames, des « couples » comprenant 1 femelle et 2 ou 3 mâles ou bien 1 mâle et 2 ou 3 femelles. Les territoires peuvent être partagés, il y a alors un couple dominant. Suivant la situation, mâle ou femelle défend le territoire.

Au printemps, le mâle est souvent visible au sommet d’un arbuste ou sur une antenne de télévision. Son chant est rapide, court et de timbre aigu. La femelle pourrait chanter également.

Les Hauts Bois (Mer) (41), le 14/05/2013, Daniel Pareuil.

Au sommet d’un petit sapin.

La répartition de l’espèce couvre un bon nombre de biotopes. Il est nicheur sur une grande partie de la France, excepté les plaines bordant la mer Mediterranée où néanmoins il hiverne. En Bretagne, l’espèce est sédentaire. Les populations d’Europe du nord migrent.

Les Hauts Bois (Mer/Suèvres) (41), le 29/08/2010, Daniel Pareuil.

Ici, une petite huppe, provoquée probablement par une faible brise.

C’est l’émancipation et peut-être un départ proche.

Et pour terminer et acquérir le « jizz » de l’oiseau, ce petit clip-vidéo.

MPEG - 2.3 Mo

La Bontat (Gramat) (46), le 19/01/2015, Daniel Pareuil.

Sans bien le voir, avec un peu d’expérience, on le reconnait à sa manière de se déplacer au sol, par mouvements rapides et saccadés.

A bientôt et avec plaisir.

*Glossaire :

Barres alaires : suite de points sur l’aile fermée. Au développement de l’aile ou à son ouverture, ces points forment une barre.

Couvertures : plumes couvrant le corps et assurant son isolation.

Mandibule inférieure : partie basse du bec.

Rectrices : Plumes de la queue servant au vol.

Parotiques : plumes de couvertures auriculaires. Zone légèrement en arrière de l’œil et couvrant la joue.

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