Photos réponse 73-2.

Mésange nonnette Poecile palustis

Samedi 15 novembre 2014, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

Ce matin, encore, presque au lever du jour, l’oiseau mystère 73-2 est venu égayer mon réveil. Un vrai régal pour les yeux ! Peu avant, un couple de Roitelet triple bandeau Regulus ignicapilla et un mâle de Roitelet huppé Regulus regulus explorant les fleurs de lierre, avaient aiguisé mon regard.

Voilà plus d’un mois que cela dure ! Bien des oiseaux fréquentent cette zone de mon jardin et aucun d’eux ne prélève ou ne consomme les graines de cette plante ! Seul l’oiseau mystère 73-1 s’en régale et parfois les emporte.

Mais quel est donc cet oiseau… ? Pas si mystérieux, à priori, puisque il y a unanimité dans les réponses.

Bravo et un grand merci à Wifried Ratel, M.L. Vieille, MME Clamens pour leur réponse.

Pourtant, l’identification de cet oiseau mystère 73-1, pouvait s’avérer délicate. En effet, si on arrive rapidement aux Mésanges ayant des parties supérieures brun gris, on bute, ou on peut buter, sur deux espèces visuellement proches, que sont la Mésange nonnette Poecile palustris et la Mésange boréale Poecile montanus.

Il existe des sous-espèces chez la M. nonnette et la M. boréale. Concernant la France :

Deux sous-espèces chez la Mésange nonnette :

Poecile palustris italicus et Poecile palustris dresseri,

Trois sous-espèces chez la Mésange boréale :

Poecile montanus salicarius, Poecile montanus rhenanus (Mésange des saules), Poecile montanus montanus (Mésange alpestre).

Toutes ces sous-espèces sont visuellement très proches.

Parmi les Mésanges ayant des parties supérieures brun gris, nous pouvons en éliminer déjà quelques-unes :

La Mésange huppée Lophophanes cristatus, avec sa huppe toujours bien apparente.

La Mésange noire Periparus ater, avec une tache blanche très caractéristique à la nuque, ses deux barres alaires dont une est constituée de petits points blancs.

La Mésange lapone Poecile cinctus, bien lointaine pour nous, ayant une très large bavette et des flancs brun roux entre autres.

La Mésange lugubre Poecile lugubris, européenne orientale, ayant une très large bavette, des joues blanches de forme triangulaire et des parties supérieures grisâtres dépourvues de brun.

Il nous reste à choisir entre la Mésange nonnette et la Mésange boréale. Elles sont très proches visuellement et les critères de détermination ne sont pas toujours très fiables.

Passons en quelques-uns en revue :

La bavette noire : petite chez la M. nonnette, plus large à la base chez la M. boréale.

C’est le critère le plus visible, mais attention, il y a un risque de chevauchement dans les mesures de cette bavette.

Les liserés pâles en bord de rémiges secondaires et tertiaires, formant une zone pâle sur l’aile fermée, existent chez la M. boréale et pas chez la M. nonnette.

Critère à rechercher, mais attention, la mue du plumage en été peut faire apparaitre ces liserés pâles chez la M. nonnette et les faire disparaitre chez la M. boréale !

La silhouette  : la M. boréale semble avoir le cou rentré dans les épaules, ce qui n’est pas le cas de la M. nonette. La M. boréale possède à la base du cou des muscles puissants qui lui permettent de creuser sa loge dans les vieux bois pourris.

Critère demandant une bonne connaissance de la M. boréale.

Comme cette dernière espèce est de moins en moins commune, elle disparaît également de notre mémoire visuelle.

Si on ajoute, que la M. nonnette et la M. boréale sont susceptibles d’hybridation, on perd pied !

Cela n’est pas très simple ! J’espère ne pas vous avoir découragés !

La voix, et particulièrement le chant, est un bon critère de détermination.

En déroulant le clip vidéo de l’oiseau mystère 73-1, on peut apercevoir, un court instant, une zone pâle sur l’aile fermée de l’oiseau. Celle-ci disparait des vues suivantes. Phénomène provoqué par une variation de lumière due au mouvement de l’oiseau. C’était le seul élément qui pouvait induire en erreur.

L’oiseau mystère 73-1 est bien une Mésange nonnette Poecile palustris.

En relisant le tome 2 «  Les passereaux d’Europe » de Paul Géroudet, édition Delachaux et Niestlé, je suis tombé sur cet aquarelle de Léo-Paul Robert. Je l’ai photographiée pour vous la présenter. Il s’agit d’une Mésange boréale, attirée par les graines de la plante présente dans le clip vidéo de l’oiseau mystère 73-1.

Cette plante est une Labiée, il s’agit de Galeopsis tetrahit ou Ortie royale.

Si cela lui est possible, je laisse le soin à Jean-Jacques Lacroix de vous dire un mot sur cette plante et ses graines.

Voici le clip vidéo « réponse de l’oiseau mystère 73-2 » : la Mésange nonnette toujours en action sur les graines de Galeopsis tetrahit.

MPEG - 4.1 Mo

Ce clip-vidéo est la suite du précédent. Néanmoins, je ne peux pas affirmer qu’il s’agisse du même individu.

Les Mésanges nonnettes se déplacent par petits groupes de deux ou trois individus. Il semble exister une sorte de hiérarchie pour venir sur la source de nourriture. J’ai observé souvent sur les mangeoires que la deuxième M. nonnette, trop pressée, se faisait chasser et poursuivre par son compagnon.

Dans le cas du nourrissage sur les graines de Galeopsis tetrahit, j’ai pu compter 3 individus ensemble, se servant à tour de rôle.

Les graines sont décortiquées, à proximité, dans un Cornouiller mâle, ou emportées. Plusieurs graines peuvent être transportées dans le bec.

La M. nonnette est réputée pour cacher des graines, par exemple, dans les écorces crevassées des troncs d’arbres… et elle les retrouve très bien.

Dans « Les passereaux d’Europe » de Paul Géroudet, Michel Cuisin mentionne que ce comportement a lieu toute l’année.

La Mésange Nonnette est sédentaire. Sa présence est clairsemée partout en France. Elle est absente sur le pourtour méditerranéen, une partie de l’Aquitaine et des Charentes, la Corse et les hautes altitudes.

Notons que les connaissances historiques sur la répartition des Mésanges nonnette et boréale sont faibles et peu fiables, du fait que, dans le passé, les deux espèces étaient confondues

Le département du Lot, et particulièrement le bocage du Limargue, lui conviennent bien.

La Bontat (Gramat), le 08/11/2004, Daniel Pareuil.

Elle ne mange pas que des graines. Elle fouille l’envers des feuilles des arbres pour y débusquer quelques insectes et, la saison venue, elle ajoute à son menu des fruits, par exemple des alises.

Notez la bavette noire étroite.

La Bontat (Gramat), le 19/10/2005, Daniel Pareuil.

Ici, ce sont des noix écrasées par les voitures.

Un détail intéressant à noter pour la détermination. Le bec de la M. nonnette possède une étroite marge pâle sur le bord coupant du bec fermé. Ce n’est pas le cas de la M. boréale. (Information provenant du « Guide d’identification des oiseaux en main » de Laurent Demongin.)

Sur cette photo, on peut constater l’absence de liserés pâles sur les rémiges tertiaires et secondaires de l’aile fermée.

La Bontat (Gramat), le 01/05/2005, Daniel Pareuil.

Première occupation de nichoir en ce lieu et nidification réussie.

Transfert de capsule fécale… un véritable exploit !

Le mâle et la femelle ont un plumage quasi identique. Il existe une possible différence sur la taille de la bavette.

Le nid, dans une cavité d’arbre, est garni de mousse avec une couche interne de poil, laine et duvet.

La ponte peut comporter 7 à 8 œufs et parfois plus.

Les juvéniles ont un plumage plus sombre, la bavette est petite, voire absente.

La Bontat (Gramat), le 26/11/2010, Daniel Pareuil.

Elle affectionne les mangeoires, fuit l’affluence et sait parfaitement trouver le bon créneau lorsque le petit monde ailé se chamaille ou qu’un dominant cherche à s’approprier cette source de nourriture.

La Bontat (Gramat), le 26/05/2013, Daniel Pareuil.

Malgré la concurrence des Mésanges charbonnières Parus major ou bleues Cyanistes caeruleus, un couple parvient toujours à occuper un nichoir. Mais ce n’est jamais le même, du fait de cette concurrence.

En 2013, les résultats de la nidification sur ce lieu ont été très mauvais, pour cause d’une météo froide et humide. Pour la M. nonnette, il m’a semblé qu’il y ait eu des jeunes d’âge différent et une tentative de deuxième ponte. Habituellement, l’espèce en fait une seule.

Cette fois, nous n’aurons pas beaucoup voyagé mais j’espère vous avoir intéressé tout de même.

Pour compléter l’article, Jean-Jacques Lacroix nous propose une photo des graines de Galeopsis tetrahit, très appréciées de la Mésange nonnette.

Les fleurs nous donnent un aperçu de la taille des graines.

Merci Jean-Jacques."

A bientôt et avec plaisir.

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