Photos réponse 72-2.

Balbuzard pêcheur Pandion haliaetus.

Jeudi 25 septembre 2014, par Daniel Pareuil // Oiseaux mystère de Daniel

Quelle joie ! Unanimité quasi complète dans les réponses.

Je ne remercierai jamais assez tous ceux et toutes celles qui, en osant une réponse, donnent vie à cette rubrique des « oiseaux mystères ».

Quand j’ai lu la réponse de Wilfried, je me suis demandé ce que je pourrais ajouter. Les liserés clairs des couvertures sus-alaires*, l’iris orangé de l’œil, et non jaune comme chez les adultes, sont de très bon critères.

Nous pouvons y ajouter les stries sombres sur la calotte* blanche de la tête, le collier brun existant également chez l’adulte femelle.

En vol, il est possible de distinguer le juvénile de l’adulte.

Si le juvénile est vu de dessus, les liserés clairs des couvertures sus-alaires* forment alors de fines bandes alaires et les stries sombres sur la calotte* blanche de la tête peuvent être visibles. Ces liserés et ces stries n’existent pas chez l’adulte.

Si le juvénile est vu de dessous (c’est le cas le plus fréquent pour ce type d’oiseau), on observe des rémiges* et des rectrices* brunes rayées et, au niveau du bras*, des couvertures sous-alaires* couleur crème. Chez l’adulte, les rémiges* et les rectrices* sont brunes non rayées et les couvertures sous-alaires* blanc pur.

Voyons la réponse en photo.

Grands arbres morts, en bord du Grand Rhône, en face l’Esquineau de l’Eysselle, Salin-de-Giraud (Arles) (13), le 27/08/2014, Daniel Pareuil.

Le bec fort, les serres puissantes indiquent un rapace. Le plumage avec des parties supérieures brunes et des parties inférieures blanches, le bandeau noir traversant l’œil sont caractéristiques du Balbuzard pêcheur Pandion haliaetus.

Les liserés clairs des couvertures alaires, les stries sombres de la calotte* blanche de la tête sont bien présents dans le plumage de cet oiseau. Une coloration orangée de l’iris est détectable, davantage sur la photo présentée en « oiseau mystère 71-1 ». Le collier brun n’est pas visible. Ces éléments permettent de donner un âge à ce Balbuzard pêcheur : juvénile.

L’oiseau mystère 71-1 est un juvénile de Balbuzard pêcheur Pandion haliaetus.

Jean-Jacques a proposé comme âge de l’oiseau mystère 72-1 : immature.

Les ornithologues utilisent ce terme pour désigner les oiseaux n’étant plus juvéniles et n’étant pas adultes. Il faudra analyser finement le plumage pour y détecter les différentes mues et savoir, bien sûr, quelles plumes doivent avoir mué à l’instant de l’observation. On recherchera parmi les plumes celles qui sont en rapport avec le plumage juvénile, neuves ou usées. Ce constat permet de donner un âge à l’oiseau :

Premier hiver (H1), premier été, second hiver…etc

Il se trouve que le Balbuzard pêcheur juvénile va muer sur les quartiers d’hiver en novembre ou décembre. Les liserés clairs des plumes des couvertures sus-alaires vont disparaître par usure, donnant un aspect uniforme au plumage brun des parties supérieures, comme chez l’adulte.

Un immature de Balbuzard pêcheur dans la posture de l’oiseau mystère 72-1 aurait un plumage très proche de celui de l’adulte.

Seule l’aile ouverte nous révélerait, par exemple, un certain nombre de rémiges* rayées non muées et quelques rémiges* adultes ayant une large barre sombre en extrémité. Ainsi le plumage immature pourrait être daté.

Les immatures resteraient sur leurs lieux d’hivernage.

Le Balbuzard pêcheur est adulte au bout de 3 ans environ, sa livrée de juvénile ne dure que 6 mois.

L’espèce est présente sur tous les continents et sa répartition est très fragmentée.

En France c’est un nicheur très rare. Deux secteurs, l’un en région centre (Loiret, Loir-et-Cher, Cher, Ile-de-France), l’autre en Corse. En légère extension actuellement : Camargue, Lorraine, Indre-et-Loire, mais cela reste fragile.

Dans notre pays, c’est un migrateur rare. Dans le département du Lot, régulièrement, au printemps, un ou deux individus sont observés en halte migratoire sur la Dordogne.

Les zones d’hivernage pour les Balbuzards pêcheurs européens sont l’Afrique et certaines régions méditerranéennes.

Je vais essayer de vous faire découvrir l’espèce avec quelques photos.

Etang à gauche en sortie de Mézière-en-Brenne vers Neuillay-aux-Bois, repéré « Chalet 5 » (Mézière-en-Brenne) (36), le 13/08/2006, Daniel Pareuil.

Sur le plumage, nous distinguons : des parties supérieures brun uni, des parties inférieures et une calotte* blanc pur. Elles sont typiques d’un adulte.

L’absence de collier brun précise que ce Balbuzard pêcheur est un mâle.

Baie de Bonne-Anse (Les Mathes) (17), le 30/08/2004, Daniel Pareuil.

Nous reconnaissons un adulte qui possède un collier brun assez marqué, c’est une femelle.

L’espèce est piscivore et, bien sûr, elle est observable près des plans d’eau riches en poissons.

Il repère sa proie en vol stationnaire, pique dessus, tend ses serres en avant, pénètre dans l’eau et saisit le poisson. Il décolle de suite en emportant le poisson dans ses serres et pour le manger, va se brancher, souvent, dans un arbre mort ou sur un piquet.

Baie de Bonne-Anse (Les Mathes) (17), le 25/09/2006, Daniel Pareuil.

Au matin, il vient de capturer un poisson. Très rapidement, cinq ou six Goélands s.p. Larus s.p. et Mouettes rieuses Chroicocephalus ridibundus le prennent en chasse pour récupérer le butin. Le vol est soutenu, les Mouettes rieuses, puis les Goélands abandonneront la course poursuite.

Le vol du Balbuzard pêcheur est puissant, il rappelle le vol des grands Goélands. En migration, comme il n’utilise pas les ascendants thermiques, il peut survoler les espaces aquatiques d’un vol battu et régulier. Précisons qu’au-dessus des grands espaces aquatiques, la température étant assez homogène, il y a peu d’ascendants thermiques.

Pointe d’Arceau (Ile-d’Oléron) (17), le 24/09/2006, Daniel Pareuil.

L’espèce continentale en migration est observable à proximité des zones poissonneuses d’eau douce ou saumâtres, mais également sur la côte atlantique.

Ce mâle a choisi de s’arrêter dans les hauts fonds de la réserve naturelle de Moëze-Oléron.

Etang du Ravoir, forêt d’Orléans (Ouzouer-sur-Loire) (45), le 24/05/2012, Daniel Pareuil.

La nidification s’effectue fréquemment à la cime d’un grand Pin sylvestre ou d’un pylône électrique ou encore dans des falaises rocheuses (Corse).

Le Balbuzard pêcheur nicheur a disparu de la France continentale à partir de la fin des années 1950 jusqu’aux années 1970. C’est en forêt d’Orléans, en 1985, que la reproduction a été à nouveau constatée.

Très habilement et avec beaucoup de pédagogie, un observatoire a été construit en forêt d’Orléans, à l’étang du Ravoir. Il a permis de canaliser les visiteurs et d’éviter ainsi le dérangement autour d’autres nids. Par la suite, une caméra de télévision a été installée. Les images peuvent être vues au pavillon du carrefour de la Résistance, certains dimanches. Le site est indiqué depuis la route qui suit la Loire et traverse Ouzouer-sur-Loire. Aigle botté Aquila pennata, Circaète-Jean-le-Blanc Circaetus gallicus, Bondrée apivore Pernis apivorus sont aussi observables autour de ce site.

Bord de Loire, Melleray (St-Denis-en-Val) (45), le 11/08/2010, Daniel Pareuil.

Ce repas tranquille sur un banc de sable sera de courte durée. Deux Corneilles noires Corvus corone se présentent. Peu après, l’une passe derrière le Balbuzard pêcheur et essaie de lui tirer une rectrice tandis que l’autre Corneille noire est prête à s’approprier les restes de poisson. Ce Balbuzard pêcheur, bagué « orange » (donc bagué en forêt d’Orléans), devra s’envoler.

Le Vivier (Cours-sur-Loire) (41), le 25/08/2005, Daniel Pareuil.

En vol, en prospection, vous l’avez dans la lunette comme sur le terrain !

Etang du Ravoir, forêt d’Orléans (Ouzouer-sur-Loire) (45), le 24/05/2012, Daniel Pareuil.

Pour terminer l’envol !

Comme j’ai oublié, sans doute, beaucoup d’autres choses, que le sujet est passionnant et que je suis sûr que vous serez ravis, je vous invite à consulter ces sites magnifiques dont voici les liens :

Le suivi de l’étang du Ravoir en forêt d’Orléans.

http://suivi-balbuzard-ravoir.francis-digiscopie.fr/menu%20essai.html

Le Balbuzard en Corse.

http://www.parc-corse.org/balbuzard/accueil.html

Et bien sûr, le site de la Mission Rapaces de la L.P.O.

http://rapaces.lpo.fr/balbuzard

A bientôt et avec plaisir.

* Lexique :

Bras : Partie visible de l’aile sur laquelle sont accrochées les rémiges secondaires*. Correspondant en fait à notre avant-bras.

Calotte : dessus de la tête.

Couvertures alaires : plumes couvrant les ailes. On désigne celles sur la partie supérieure de l’aile par : couvertures sus-alaires et celles de la partie inférieure de l’aile par : couvertures sous-alaires. On distingue : les grandes couvertures, les moyennes couvertures et les petites couvertures.

Rectrices : plumes de la queue (plumes de vol).

Rémiges : plumes de l’aile (plumes de vol). On distingue trois groupes en partant de l’extrémité de l’aile vers le corps de l’oiseau : rémiges primaires, secondaires, tertiaires.

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2 Messages de forum

  • Photos réponse 72-2. 3 mai 2016 16:30, par Daniel Pareuil

    Un petit complément de taille : dans le Loiret, une caméra filme la nidification du Balbuzard pêcheur. on peut le vivre en direct sur le site "balbucam" dont voici le lien :

    http://www.balbucam.fr/index.php/fr…

    Naissances prévues pour le : 21, 22 mai !
    A regarder le matin.
    Daniel.

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    • Photos réponse 72-2. 3 mai 2016 21:15, par Lot Nature

      Bonne idée Daniel, de donner la possibilité de suivre ce bel Oiseau. J’ai visité le site il y a quelques années avec la Société de Botanique de Vaucluse, mais il n’était plus habité car nous avions herborisé à la fin de l’été.

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