Petite balade hier après-midi près de chez moi, dans le Limargue de Vayrac, commune de Cavagnac.
Passage dans un chemin temporairement inondé et recherche d’une espèce très rare en Midi-Pyrénées et dans le Lot : la Véronique à feuilles d’acinos. Après avoir vu la Véronique petit-chêne Veronica chamaedrys et la Véronique à feuilles de serpolet Veronica serpyllifolia, bingo ! Je vois une petite véronique bien poilue, avec de longs pédicelles, des capsules échancrées presque jusqu’au milieu munies d’un style ne dépassant pas l’échancrure : il s’agit de la Véronique à feuilles d’acinos.
Cette espèce, en forte régression au niveau régional, est déterminante pour les ZNIEFF et devrait être inscrite sur la liste rouge UICN des plantes vasculaires de Midi-Pyrénées en tant qu’espèce vulnérable (VU).
Caractères diagnostiques :
Plante annuelle de 5 à 20 cm de hauteur, à tiges pubescentes glanduleuses (noircissant à la déssiccation) dressées ou ascendantes. Feuilles inférieures opposées, les suivantes alternes ; feuilles inférieures petites de 4 à 10 mm de longueur, ovales-elliptiques à peine crénelées ou entières, subsessiles. Inflorescence en longues grappes terminales lâches, à fleurs bleu vif, petites, à pétale inférieur blanchâtre ; pédoncules égalant la feuille ; bractées sessiles oblongues à lancéolées, plus courtes que les pédicelles fructifères dressés ; calice à divisions ovales, subégales ; corolle d’environ 1 mm de largeur, dépassant de peu le calice. Fruit 2 fois aussi large que long, profondément incisé au milieu, cilié, glanduleux. Fruit = capsule dépassant de peu le calice, presque échancrée jusqu’à mi hauteur, à deux lobes orbiculaires, ciliée-glanduleuse. Graine ellipsoïde allongée en forme de bouclier ; face supérieure munie d’une crête, face inférieure en creux, abritant le hile. Floraison de avril à juin.
Confusions possibles :
Peut être confondue avec V. arvensis, mais s’en distingue assez bien par la longueur des pédicelles et la forme des fruits.
Caractères biologiques :
Thérophyte à germination hivernale.
Caractères écologiques :
Moissons, friches, bords de chemins, cultures de vigne, pelouses sableuses ou argileuses.
Habitats concernés :
Végétation compagne des moissons sur sables siliceux (Scleranthion annui).
Répartition géographique :
C’est une espèce d’Europe méridionale et d’Asie Mineure. En Europe, elle est présente du Portugal jusqu’en Ukraine, et au nord jusqu’en France, Allemagne, supposée disparue de Belgique. Elle est disséminée dans une grande partie de la France, Corse comprise, mais est globalement rare et à répartition inégale : rare ou absente dans le tiers nord du pays, plus largement disséminée dans le midi, l’ouest et le centre ; manque dans une grande partie de la Bretagne, des Alpes et des Pyrénées.
Etat des populations :
Cette Veronique est en régression dans toute la France.
Menaces potentielles :
C’est une espèce menacée par l’intensification des pratiques agricoles, notamment par l’utilisation d’herbicides.
Bibliographie :
ABBAYES (des) H., CLAUSTRES G., CORILLION R., DUPONT P., 1971. Flore et végétation du Massif armoricain - Tome 1 : flore vasculaire. Presses Universitaires de Bretagne, Saint-Brieuc. LXXV + 1226 p.
BOURNERIAS M., ARNAL G., BOCK C., 2001. Guide des groupements végétaux de la région parisienne. Nouvelle édition illustrée. Editions Belin, Paris. 640 p.
BRUGEL E., BRUNERYE L., VILKS A., 2001. Plantes & végétation en Limousin ; Atlas de la flore vasculaire. Conservatoire régional des espaces naturels du Limousin, Saint-Gence. 800 p.
JAUZEIN P., 1995. Flore des champs cultivés. INRA Editions/SOPRA, Paris et Vélizy-Villacoublay. 898 p.
LAMBINON J., DELVOSALLE L., DUVIGNEAUD J., 1973, cinquième édition 2004. Nouvelle flore de la Belgique, du Grand-Duché du Luxembourg, du nord de la France et des régions voisines. Editions du Patrimoine du Jardin botanique national de Belgique, Meise. CXXX + 1167 p.
LAUBER K., WAGNER G., 1998, 2ème édition revue et corrigée 2001. Flora Helvetica. Flore illustrée de Suisse. Editions Haupt. 1615 p.
NETIEN G., 1993. Flore Lyonnaise. Société Linéenne de Lyon. 623 p.
Sur ce chemin, deux papillons se rafraîchissaient sur le sol humide, le Point de Hongrie Erynnis tages et l’Aurore Anthocharis cardamines.
