Gîte de mise-bas de la Grande Noctule découvert et filmé en Auvergne

Mercredi 2 avril 2014, par Tineke Aarts // Chauves-souris

La Grande Noctule est la plus grande chauve-souris d’Europe et un mammifère peu connu. Elle a un comportement particulier par son vol à plus de 1000m d’altitude et sa grande mobilité. En Espagne, ils ont découvert qu’elle peut aller chasser à plus de 80 km de son gite chaque nuit. On pensait que les chauves-souris étaient tous insectivores en Europe, mais non… La Grande Noctule chasse aussi des petits passereaux pendant leurs migrations nocturnes.

Nouvelle méthode de recherche

La découverte d’un gite de mise-bas en Auvergne a été rendu possible par une nouvelle méthode de poursuite à la fois bioacoustique et visuelle au petit matin. Cette méthode permet d’éviter la capture (méthode non invasive). Le recherche de la Grande Noctule en 2012 par EXEN a été renouvelé en 2013 avec l’équipe « Chauves souris Auvergne ». A la fois pour prouver l’efficacité de la méthode, mais aussi pour tenter de suivre les noctules par télémétrie dans leurs activités nocturnes.

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Image du film de Pascal Gaubert

Splendides images de pénombre

En 2013, Pascal Gaubert, un jeune cinéaste animalier, a filmé pendant une semaine ce « Track de la Grande Noctule » ; autrement dit ce travail passionnant des chiroptérologues. Son film-documentaire présente des splendides images de pénombre. On voit bien la technique, la patience, la persistance, le travail d’équipe… Comme dit la devise du film : on cherche, on cherche, et peut-être un jour on trouvera…

Et voilà, au dernier jour que le groupe pourrait se rassembler pour la recherche, l’énorme récompense d’avoir localisé et filmé un gîte de mise-bas…

Connaissance de la biologie de l’espèce

Les résultats de deux années d’observation et recherche remettent d’ailleurs un peu en question la connaissance de la biologie de l’espèce. Cette connaissance était surtout basée sur l’étude de colonies espagnoles. Notamment parmi elles, figurait l’hypothèse d’une ségrégation altitudinale des mâles et des femelles en période de mise bas. Cette hypothèse supposait l’influence de conditions climatiques et notamment de la température.

Besoin d’un important réseau de gîtes arboricoles

A plus de 1000 m d’altitude, les colonies découvertes en Auvergne témoigneraient plutôt de l’importance d’une alimentation particulière et/ou l’opportunité d’un très important réseau de gîtes arboricoles. Il y a par exemple plus de 80 loges de Pic noir, leur permettant de changer de gîte tous les jours.

Rassemblements de nuit

D’après les observations, ces changements de gîtes quotidiens s’organiseraient lors de rassemblements des chauves-souris en vol au dessus d’une même colline. Cela a été observé chaque début de nuit et chaque fin de nuit, pour les deux années de suivi. En fin de nuit, ces rassemblements seraient l’occasion de comportements sociaux permettant de faire converger le groupe vers le gite choisi pour la journée.

Organisation sociale

Bien des questions restent en suspend sur le rythme d’activité nocturne, sur les territoires vitaux, les hauteurs de vols, l’alimentation, les modalités de fréquentation des gîtes, ou sur ces notions d’organisations sociales intergroupes.

Ce film-reportage "Noctulambule" fut présenté à Bourges au muséum et va concourir à plusieurs petits festivals de films écologiques (Ménigoute, Montier en Der, Bourges…).

Voici le lien pour le visionner : https://vimeo.com/90000320

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